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Sombres perspectives

Pompe à essence.
© Thierry Porchet

La flambée des prix des carburants et du combustible a déjà des répercussions sur les budgets des ménages.

Alors que la guerre fait rage en Ukraine, les répercussions économiques commencent à toucher la Suisse. Face à l’inflation et à la hausse du chômage qui guette, l’Union syndicale suisse demande au gouvernement de prendre des mesures pour soutenir les salariés et la population

A peine trois semaines après le début de la guerre en Ukraine, les premières retombées économiques se font déjà sentir en Suisse. Rien de comparable évidemment avec l’enfer vécu par les Ukrainiens, sur place ou les réfugiés, mais il est important de souligner que ce conflit aura des répercussions dans le monde entier, et plus précisément sur les travailleurs.

Dans un communiqué de presse daté du 14 mars, l’Union syndicale suisse (USS) dit soutenir l’engagement du Conseil fédéral en faveur de la fin de cette guerre avec les séparatistes pro-russes et la Russie, et elle demande en parallèle à celui-ci de prendre «rapidement» des mesures «efficaces» sur le plan national pour doper le pouvoir d’achat et lutter contre le chômage.

En effet, l’inflation est en nette hausse, la faute à la flambée des prix de l’énergie comme le gaz et l’essence. «Le prix du mazout s’est envolé à près de 190 francs pour 100 litres, ce qui constitue un record historique», note la faîtière, qui pense toutefois que demander la baisse des taxes sur les carburants et les combustibles fossiles est «prématuré», compte tenu de la «volatilité des prix et des objectifs de politique climatique».

Reverser maintenant la taxe CO2

Que propose donc l’USS pour soulager les ménages en Suisse? Restituer à la population les recettes de la taxe CO2 sur le mazout et le gaz, augmentée justement début 2022 (passant de 96 à 120 francs par tonne de CO2). Un moyen d’alléger «plus rapidement les budgets des ménages sans remettre en question les objectifs environnementaux et climatiques». Car, au quotidien pour les consommateurs, cette hausse de la taxe représente une augmentation d’environ 6 francs pour 100 litres de mazout et de 0,5 centime par kilowattheure de gaz. Et pour la Confédération, ce sont 300 millions de francs de recettes en plus. Le problème? La restitution aura lieu en 2023, un an après.

«Il n’y a aucune raison pour que la Confédération ne redistribue pas immédiatement cet argent à la population, et ce d’autant plus avec la flambée actuelle des prix du pétrole et du gaz, revendique Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS. Deux tiers des recettes sont destinés à la population et aux entreprises. Cela représente donc environ 200 millions de francs de pouvoir d’achat en plus. Si les recettes supplémentaires de la taxe sur le CO2 sont rapidement reversées à la population, chaque personne recevra un peu plus de 20 francs. Pour une famille de quatre personnes, cela représente tout de même près de 100 francs.»

Emplois menacés

L’USS s’inquiète pour des secteurs tels que le tourisme ou le transport aérien, qui entamaient une reprise après deux années catastrophiques de Covid-19, et qui vont devoir se passer d’une partie de la clientèle asiatique et américaine qui préférera rester à distance de l’Europe. Dans l’industrie, la hausse des prix des matériaux et le franc fort affecteront les carnets de commandes et les biens destinés à l’exportation. «Le chômage et les pertes de salaire menacent», alerte Daniel Lampart. Pour éviter cela, l’USS demande que les procédures simplifiées en matière de chômage partiel soient prolongées, alors qu’il est prévu qu’elles disparaissent dès la fin mars. «D’après les dernières informations, le département serait fermé à cette proposition qui a pourtant fait ses preuves durant la pandémie. Cela va constituer un vrai problème pour le tourisme et l’aviation, mais aussi le second œuvre qui voit des commandes annulées en raison des hausses de prix.»

Agir sur les salaires

La faîtière syndicale insiste sur l’incertitude de la période que nous vivons. «La hausse des primes d’assurance maladie devrait venir s’ajouter au renchérissement à l’automne. Le cas échéant, d’autres mesures visant à renforcer le pouvoir d’achat pourraient se révéler nécessaires.» Ce n’est donc qu’un début…

Pour faire face à cette pression sur le pouvoir d’achat, l’USS pense qu’il n’y a pas d’autre choix que d’entrer dans une logique d’augmentation des salaires, comme ce que l’on est en train d’observer en Allemagne par exemple. «Il est aussi important de finaliser rapidement un contre-projet solide à l’initiative pour le plafonnement des primes maladie.»

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