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Sur le chantier Bella Vista des conditions de travail assez moches

Manifestation des maçons à La Chaux-de-Fonds.
© Unia

Ce ne sont pas moins de trente travailleurs de Bella Vista qui ont participé à la grève du 7 novembre à La Chaux-de-Fonds.

Unia est intervenu sur un chantier neuchâtelois où des travailleurs n’étaient pas payés

Au moment de la mobilisation des maçons, cette affaire tombe un peu à pic pour jeter un coup de projecteur sur les dérives en cours dans la construction et souligner la nécessité de disposer d’un cadre strict protégeant les droits des travailleurs. A Neuchâtel, sur l’emplacement de l’ancienne usine Metalor, le groupe autrichien Porr construit sept immeubles face au lac. Pour la gestion globale du gros-œuvre, l’entreprise générale a mandaté une société appenzelloise, Rutsch Bau AG. «Aucune société neuchâteloise n’avait pu prendre le mandat du gros-œuvre, car les délais comme les prix pour l’emporter étaient jugés impossibles à tenir. Pour remplir ces conditions, Rutsch Bau a imposé des horaires de folie, avec des semaines dépassant fréquemment les 50 heures en plein été, et a recouru à un modèle d’organisation du travail basé sur des entreprises de travail temporaires et des sous-traitants venus de toute la Suisse – une dizaine de cantons sont représentés», explique Alexandre Martins, secrétaire syndical d’Unia Neuchâtel et responsable du secteur construction.

Au plus fort de l’activité, 70 à 80 personnes étaient engagées sur le chantier. Début novembre, le syndicat était informé que 20 à 25 employés de ces sous-traitants accusaient un, voire deux mois de salaire en retard. «D’après les renseignements recueillis auprès des employeurs de ceux-ci, la société en charge de la gestion globale du gros-œuvre, Rutsch Bau, était en cessation de paiements et ne versait plus les montants contractuels à ses sous-traitants.» Certains d’entre eux avaient heureusement assez de trésorerie pour assurer les salaires.

Vigilance de rigueur

Contacté par courriel, Rutsch Bau nous a renvoyés à son avocat neuchâtelois, Me Richard Calame, qui nous a confirmé que la société cessait ses activités par manque de liquidités de paiement. La faute en reviendrait à Porr, qui aurait refusé le versement à Rutsch Bau de «trois acomptes mensuels de plus d’un demi-million de francs chacun» et de «prendre en charge des coûts pour d’importantes prestations», indique Me Calame. Un demi-million de francs serait, en outre, gelé sur le compte de Rutsch Bau «au motif de sécuriser un éventuel versement du montant de la garantie bancaire établie au profit de l’entrepreneur total». Un accord aurait cependant été convenu pour que Porr assume le paiement direct des sous-traitants de Rutsch Bau. En ce qui concerne le temps de travail, l’avocat répond que les contrats conclus avec les sous-traitants «sont strictement conformes aux dispositions légales». Interrogé à son tour, le groupe autrichien a condamné «les dysfonctionnements causés par l’entreprise Rutsch Bau». «La situation est compliquée, Rutsch Bau et Porr se renvoient la balle», commente Alexandre Martins.

Unia a appelé l’entreprise générale à assumer ses responsabilités envers les salariés lésés et, effectivement, celle-ci a commencé à fournir les sous-traitants en liquidités. Vendredi dernier, le syndicaliste était encore sur place et, sur la quinzaine de travailleurs rencontrés, seuls trois n’étaient pas encore payés. Le règlement des arriérés devant toutefois intervenir incessamment. Alexandre Martins devait encore revenir sur le chantier cette semaine pour vérifier que tout est rentré dans l’ordre. Le syndicaliste promet de ne pas relâcher la pression: «Je vais y retourner régulièrement et tout le monde a ma carte.» A bon entendeur.

Et, pour conclure, soulignons que ce ne sont pas moins de trente travailleurs de Bella Vista qui ont participé à la grève du 7 novembre. On comprend qu’ils étaient motivés.

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