Swissport ne lâche rien, les salariés non plus
Les négociations n’ont pas abouti à trouver une issue au conflit qui agite la société d’assistance au sol active à Genève-Cointrin. Le personnel poursuit sa lutte
Les discussions entre la direction de Swissport Genève et la représentation du personnel n’ont pas abouti. Placées sous la médiation de l’ancien conseiller d’Etat David Hiler, les négociations visaient à trouver une issue au conflit à l’aéroport de Genève-Cointrin. Rappelons qu’un millier de collaborateurs de la société d'assistance au sol ont reçu, début janvier, des congés-modifications de leurs contrats de travail prévoyant notamment des baisses salariales de l’ordre de 500 à 1200 francs par mois, un passage du temps de travail de 40h à 41h25 par semaine, l’annualisation du temps de travail, la réduction des jours de vacances ou l’augmentation des cotisations LPP. Soutenus par les syndicats SSP Trafic aérien, SEV-GATA et Avenir syndical, les travailleurs avaient lancé, à mi-janvier, des mesures de lutte prenant la forme de piquets et de manifestations en exigeant la conclusion d’une convention collective de travail (CCT).
Au cours des deux semaines de pourparlers, la direction de Swissport n’a pratiquement rien lâché. Elle a, selon les syndicats, proposé de signer une «CCT de crise» d’une durée de deux ans qui reprenait les conditions fixées dans les congés-modifications. «La seule et maigre concession de Swissport serait de conserver pour quelques mois supplémentaires la contribution aux primes maladie», indique Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical du SSP Trafic aérien. Vendredi matin, une assemblée générale réunissant 200 salariés a décidé de refuser la proposition de Swissport et de poursuivre les mesures de lutte.
Sentiment général d’amertume
Plus d’une centaine de travailleurs se sont retrouvés l’après-midi pour un rassemblement sur la place du Bourg-de-Four. L’amertume dominait parmi les participants. «On a reçu que des cacahouètes, c’est une grosse déception», confie un salarié. «Je vis cela comme une forme de mépris», dit un autre. «Je vais perdre 1000 francs par mois et travailler plus, c’est de l’esclavage», soupire une troisième. «Ils veulent forcer les gens à partir, réduire la masse salariale pour gagner beaucoup d’argent lorsque le trafic repartira cet été.» L’idée est largement partagée que Swissport chercherait par les démissions à s’épargner un plan social. «Nous avons le double de travail, nous déchargeons des avions à deux au lieu de quatre personnes. On nous met la pression pour que nous partions de nous-mêmes», pense un employé du fret. «On se réveille avec la boule au ventre en se demandant s’il faut ou non signer les nouveaux contrats. Moi, je n’arrive pas à signer, c’est une question de dignité», témoigne encore un travailleur.
«Il n’y a pas de paix du travail»
Faute d’accord, les salariés avaient jusqu’au 15 février pour signer les nouveaux contrats. Ceux qui s’y refuseront seront défendus par les syndicats. Les nouvelles conditions de travail et d’engagement entreront en vigueur le 1er juin.
Mais le combat syndical continue, la déception ne semble pas avoir entamé la combativité des travailleurs. «Il n’y a pas de paix du travail», constate Pablo Guarino, secrétaire syndical du SEV-GATA. Les représentants du personnel demandent maintenant au Conseil d’Etat d’appliquer la motion votée le 26 janvier au Grand Conseil qui l’invite à «dénoncer la concession ou, si impossible, à ne pas la reconduire à sa plus proche échéance et à attribuer le marché à une entreprise plus respectueuse du partenariat social et respectant des conditions de travail et de salaires en adéquation avec les coûts réels pour pouvoir vivre à Genève».