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Syndicats en sentinelles

«A travail égal, salaire égal, dans un même endroit.» Depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes, le credo des syndicats reste inchangé. Le principe immuable. Pas question de conclure un accord avec l’UE menaçant le niveau de protection des rémunérations en Suisse. Pas question d’ouvrir la porte à une concurrence déloyale portant préjudice à la classe laborieuse du pays et aux employeurs corrects. C’est dans ce sens qu’ont été ficelées les mesures d’accompagnement. Pour éviter que notre pays, véritable eldorado au cœur de l’Europe, ne devienne le paradis du dumping et de sociétés douteuses profitant de l’accès à son marché du travail sans en respecter les lois, sous-payant leurs collaborateurs tout en facturant leurs prestations à des prix helvétiques. 

Cette ligne rouge intangible, défendue par les organisations des travailleuses et des travailleurs, s’avère essentielle pour garantir l’équité du processus d’ouverture de notre économie. Elle a été prise en compte en marge de l’arrangement négocié avec l’UE qui la mettait à mal. Avec d’indispensables corrections et une nouvelle étape franchie: le Conseil fédéral a récemment adopté un train de mesures de politique intérieure visant à prévenir les risques de sous-enchère salariale et sociale. Ces dispositions sont le fruit d’une entente entre partenaires sociaux et cantons, au terme de plus de soixante séances de discussions. On mesure l’importance du dossier, l’UE étant le quatrième partenaire commercial de la Suisse, après les Etats-Unis, la Chine et le Royaume-Uni. Et cela alors que le résultat des Bilatérales, en l’absence du filet de sécurité envisagé, introduisait d’inacceptables détériorations. 

Bref, si le processus suit son cours, sans réduction du paquet de dispositions prévues au Parlement, les garde-fous envisagés devraient permettre le maintien de la protection des salaires. Et agir à titre préventif. Avec une attribution des marchés aux entreprises honnêtes. Avec des vérifications pour s’assurer que les sociétés décrochant des commandes publiques ne traînent pas de casseroles. En clair, qu’elles n’ont pas enfreint les conditions de travail prévalant dans nos frontières. Avec l’obligation pour l’entrepreneur principal de se montrer responsable et de s’acquitter des amendes si son sous-traitant a roulé ses employés dans la farine en ne versant pas de justes salaires. Avec le paiement de frais aux tarifs helvétiques. Les exigences désuètes relatives à l’extension de conventions de travail collectives de force obligatoire seront aussi adaptées. Enfin, sucre accordé aux syndicats, le Conseil fédéral s’est engagé à agir sur le front de la protection contre le licenciement des délégués et des représentants du personnel. Un sujet qui lui a valu les vives critiques de l’Organisation internationale du travail (OIT) et une atteinte à son image, notre pays ayant été placé sur la liste noire rassemblant les cancres en la matière. Cette relative avancée a déjà toutefois rencontré le scepticisme des patrons et a été jugée minimaliste par les syndicats, l’estimant en dessous de leurs revendications.

Quoi qu’il en soit, la balle se trouve désormais dans le camp du Parlement, appelé à se prononcer sur l’accord et le train de mesures. Sa position ancrera ou non la posture des syndicats. Attachés aux relations avec nos voisins, jugeant positivement ce nouveau pas, ces derniers restent en sentinelles. Ils ne donneront pas leur aval aux Bilatérales à n’importe quel prix. La défense des salariés, de part et d’autre de la frontière, ne saurait être bradée et sacrifiée sur l’autel d’un marché ouvert à tous les abus. Avec, effet collatéral prévisible, une stigmatisation de la main-d’œuvre étrangère. Et des menaces évidentes sur la cohésion sociale.

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