Après la suppression de la version papier du Matin, Tamedia fait de nouveau parler de lui, suscitant cette fois la colère des imprimeurs. Le 25 février dernier, une centaine de travailleurs de la branche, soutenus par Syndicom, ont mené simultanément une action de protestation devant les centres de Bussigny, Berne et Zurich. But de la démarche: réclamer le retour de Tamedia dans le Contrat collectif de travail (CCT) de l’industrie graphique, abandonné fin 2015. Pour appuyer leur demande, les participants ont apposé symboliquement leur signature sur un facsimilé géant de ce Contrat qui n’attendait plus que le paraphe des directeurs. Car si aujourd’hui les conditions de travail des employés sont définies dans le règlement d’entreprise fondé encore sur l’ancien CCT, il est en passe d’être renégocié. Et le personnel craint un renouvellement à la baisse. «Tamedia entend réduire les suppléments pour le travail en équipe, bien que les carnets de commandes soient remplis», s’inquiète Syndicom dans un communiqué, relevant encore que «le personnel est conscient de la nécessité d’agir de façon rapide et unie, compte tenu de l’attitude très dure sinon inflexible dont a fait preuve Tamedia dans les négociations avec les rédactions». «Nous voulons des garanties sur les salaires, les horaires, les vacances, les suppléments pour le travail de nuit», déclare Giuseppe Mauro, secrétaire régional de Syndicom. Pour les imprimeurs, cette sécurité ne peut être scellée que par un CCT. Ils rappellent que Tamedia est le plus grand employeur du secteur de l’industrie graphique et porte, à cet égard, une «responsabilité significative». «L’entreprise fixe implicitement des standards en matière de conditions de travail et de partenariat social pour l’ensemble de la branche. Si elle profite de sa position de quasi monopole pour faire pression sur les conditions de travail et refuser le dialogue social, elle ne nuit pas seulement à ses propres employés, mais à l’ensemble de la branche.»