C’est un scandale! Alors que la révision minimaliste de la Loi sur l’égalité (LEg) a failli passer à la trappe l’année dernière sous les coups des partis bourgeois, la discrimination salariale augmente dans notre pays! C’est ce qu’a révélé l’Office fédéral des statistiques (OFS) la semaine passée. Entre 2012 et 2014 une baisse était pourtant entrevue, l’inégalité salariale passant de 21,3 à 19,5%. Or elle remonte en 2016 pour se fixer à 19,6%. Une petit dixième qui masque un écart bien plus marqué dans la part inexpliquée de la discrimination, soit de la discrimination pure. Celle-ci a augmenté en deux ans, de 39,1 à 42,9%. Soit en moyenne 7680 francs par année. L’enquête démontre aussi que, contrairement à ce que beaucoup prétendent en justifiant l’inégalité par la maternité ou l’abandon de carrière par les femmes, plus les travailleuses sont jeunes, plus la discrimination est importante, et cela dès leur premier emploi.
Autre point révélé par l’OFS: la part inexpliquée est plus marquée dans les petites entreprises que dans les grandes. Elle est de 60,9% en moyenne dans les sociétés de moins de 20 salariés et de 27,4% dans celles en comptant plus de 1000. Un élément supplémentaire prouvant que la révision de la LEg n’aura aucun effet. Cette dernière impose des analyses des salaires tous les quatre ans dans les entreprises de plus de 100 travailleurs, et ne prévoit aucune sanction. Autant dire qu’elle risque bien de rester lettre morte. Et d’ouvrir la voie à des pseudo-certifications visant à embellir l’image des sociétés…
Bientôt 40 ans après l’inscription du droit à un salaire égal pour un travail égal dans la Constitution fédérale, nous ne sommes plus à espérer atteindrel’égalité salariale dans 150 ou 200 ans. Selon les derniers chiffres de l’OFS, on n’y arrivera jamais… 28 ans après la première grève des femmes de 1991, qui a permis à la Loi sur l’égalité de voir le jour cinq ans plus tard, il est temps de hausser le ton! Et de prendre des mesures à la hauteur du mépris affiché à l’encontre des travailleuses qui gagnent toujours près d’un cinquième de moins que les hommes, et assurent encore une grande part du travail non rémunéré.
Face au non-respect de la loi qui interdit la discrimination, face au non-respect du travail des femmes, il faut un mouvement fort. «Femmes bras croisés, le pays perd pied» était le slogan de la grève de 1991. Aujourd’hui, c’est seulement en s’unissant, femmes et hommes bras croisés pour l’égalité, que nous pourrons créer un véritable rapport de force et faire changer les choses. Le 14 juin prochain, c’est tous ensemble qu’il faudra se mobiliser, faute de quoi de nouvelles décennies d’attente sont programmées, pour le plus grand bonheur des milieux patronaux qui économisent des milliards sur le dos des salariées.