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Toutes et tous à Berne le 18 septembre contre AVS 21!

Manifestation du 14 juin 2021 à Lausanne.
© Olivier Vogelsang

Comme ici à Lausanne, le combat contre le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans figurait en bonne place des nombreuses revendications exprimées le 14 juin dernier lors des mobilisations féministes tenues dans la plupart des villes de Suisse. La lutte se poursuivra le 18 septembre à Berne.

Les syndicats rejettent la hausse de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans et réclament une revalorisation des rentes AVS plutôt que le démantèlement du 1er pilier sur leur dos

«Pas touche à nos rentes! AVS 21: pas question!» L’Union syndicale suisse (USS) et toutes ses fédérations, dont Unia, appellent à manifester massivement le samedi 18 septembre à Berne contre la nouvelle réforme de l’AVS qui fait porter aux femmes tout le fardeau des économies escomptées. En juin dernier, le Conseil national adoptait, à la suite du Conseil des Etats au printemps, le projet AVS 21 qui prévoit une augmentation de l’âge de la retraite féminine de 64 à 65 ans. Pour un salaire moyen, cela signifie une perte de rente de 1200 francs par an. Sans compter la fatigue supplémentaire d’une année de labeur pour celles ayant un emploi, ou la prolongation des difficultés pour les chômeuses et les femmes perdant leur travail à l’orée de la retraite.

Débat au Parlement

Le 13 septembre, cinq jours avant la manifestation, débutera la session d’automne du Parlement. Le Conseil des Etats se remettra à l’ouvrage pour examiner les quelques divergences introduites par le National. Des désaccords concernant les compensations proposées pour la génération dite «transitoire», soit les femmes qui arriveront à 64 ans juste après l’introduction de la réforme AVS 21 si elle aboutit. Les deux Chambres du Parlement devront aussi s’entendre sur la hausse du taux de TVA destinée à accroître le financement de l’AVS. Le Conseil fédéral proposait 0,7%, les Etats 0,3% et le National 0,4%. Autre point sur lequel les deux Chambres doivent se mettre d’accord: le transfert à l’AVS, d’ici à 2030, des bénéfices obtenus par la Banque nationale suisse (BNS) grâce aux taux d’intérêts négatifs et de ceux déjà réalisés depuis 2015, soit entre 1 et 2 milliards par année. Cet amendement au projet du gouvernement, soutenu par le Parti socialiste, les Verts et l’UDC, a été adopté en juin par la majorité du Conseil national.

Du côté syndical, l’USS avait remis, en mars dernier, un appel aux conseillers aux Etats qui s’apprêtaient à démarrer l’examen de la réforme AVS 21. Cet appel demandait aux élus de faire machine arrière sur la hausse de l’âge de la retraite des femmes et d’augmenter les rentes de ces dernières pour leur garantir une sécurité financière. 314187 personnes avaient signé le texte en un temps record, démontrant la vaste opposition au démantèlement de l’AVS qui se profile. Une assurance sociale et solidaire qui ne permet pourtant pas à de nombreuses femmes d’avoir une vie décente malgré les années de travail effectuées, pour beaucoup, dans des secteurs à bas revenus. Rappelons que globalement, 1er et 2e piliers compris, les femmes touchent un tiers de moins de rente que les hommes à la retraite en raison des inégalités salariales, des temps partiels ou encore des interruptions de vie professionnelle pour s’occuper des enfants. De plus, 36% d’entre elles n’ont pas de 2e pilier et doivent se contenter de la seule rente AVS.

«Il faut marquer le coup!»

Le 14 juin, le rejet d’AVS 21 était au cœur des multiples revendications exprimées dans les mobilisations féministes s’étant déroulées partout en Suisse. L’USS appelle aujourd’hui à rassembler les forces et à «marquer le coup, toutes et tous ensemble, devant le Palais fédéral» le 18 septembre, pour exiger du Parlement qu’il améliore la situation des femmes plutôt que de réformer l’AVS sur leur dos. Dans le viseur syndical également, les rentes du 2e pilier: «Ce n’est pas seulement avec l’AVS que la Suisse fait fausse route: les rentes des caisses de pension aussi n’arrêtent pas de baisser, alors que le coût de la vie augmente. Un scandale dans un pays riche comme le nôtre. Ça ne peut pas continuer!» interpelle le tract d’invitation à la manifestation.

Si le Parlement accepte, lors de la session qui se termine le 1er octobre, la réforme AVS 21, les syndicats et les mouvements féministes s’engageront, comme ils l’ont déjà annoncé, dans le lancement d’un référendum pour s’y opposer.


Manifestation du samedi 18 septembre:
«Tout le monde à Berne: non à une réforme des retraites sur le dos des femmes!»
13h30, rendez-vous à la Schützenmatte.
15h, rassemblement final et concerts sur la Place fédérale.

Les affiches et les tracts pour la manifestation peuvent être commandés gratuitement sur le site: rentes-des-femmes.ch

La retraite à 66, 67 puis 68 ans, c’est pour bientôt…

La mobilisation du 18 septembre à Berne sera le prélude d’une lutte qui devra se poursuivre. Le 16 juillet, les Jeunes libéraux-radicaux déposaient leur initiative fédérale «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne – Initiative sur les rentes», munie de 145000 signatures. Cette initiative prévoit d’adapter automatiquement l’âge de la retraite, par tranches de deux mois, en lien avec l’allongement de l’espérance de vie, par un savant calcul basé sur l’âge de référence de 65 ans. Un âge prévu par AVS 21. Se fondant sur les prévisions démographiques, les auteurs estiment que la retraite à 66 ans sera atteinte en 2032, que celle à 67 ans le sera en 2043 (soit pour les personnes nées en 1976 et ayant 45 ans aujourd’hui) et que les départs à 68 ans seront effectifs en 2056 (cela concernera les jeunes nés en 1988, ayant 33 ans aujourd’hui).

Rejetant toute idée de financement supplémentaire de l’AVS, par exemple avec une augmentation des cotisations sociales qui «renchérissent le coût du travail», selon les explications de Nicolas Jutzet, vice-président des Jeunes libéraux-radicaux suisses qui vient de remettre son mandat, l’initiative vise une réforme de l’AVS «dépolitisée» et ne touchant pas aux rentes. Or, introduire un mécanisme automatique dans l’AVS et travailler plus longtemps reste un choix des plus politiques, avec concrètement une baisse du montant total des rentes versées.

Déposée le 28 mai dernier, l’initiative syndicale pour une 13e rente AVS pourrait être soumise au peuple dans les mêmes délais que l’initiative des jeunes du PLR. Elle exige une revalorisation des pensions par un versement mensuel supplémentaire, ce qui représente une hausse de 8,33% de la rente AVS annuelle.

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