Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Travailler moins pour avoir le temps de vivre

Une centaine de délégués présents à l’assemblée ont adopté le manifeste invitant à repenser le travail.
© Lucas Dubuis

Une centaine de délégués présents à l’assemblée ont adopté le manifeste invitant à repenser le travail.

Unia lance officiellement sa campagne en faveur de la réduction du temps de travail, sans perte de salaire. Le manifeste a été adopté lors de l’Assemblée des délégués du 9 décembre

Le 9 décembre dernier se tenait l’Assemblée des délégués d’Unia, à Berne, à laquelle une centaine de personnes ont participé. Au-delà des considérations financières, politiques et des objectifs 2024 (lire ci-dessous), les délégués ont adopté le manifeste «Plus de temps pour vivre – repenser le travail». Ce texte marque le lancement officiel de la campagne du syndicat pour une baisse du temps de travail sans perte de salaire ni densification du travail, et donc en faveur de davantage de temps libre à côté du travail rémunéré. «Lors du dernier congrès ordinaire d’Unia, ce thème est revenu dans deux papiers de position, rappelle Christine Michel, responsable Unia pour la protection de la santé. Cette campagne est politique, bien sûr, mais pas seulement. L’objectif est aussi d’obtenir des résultats dans les différentes branches lors des négociations conventionnelles, comme davantage de vacances, la retraite anticipée, la baisse du temps de travail hebdomadaire ou encore les pauses et les déplacements payés.»

Le travail est nocif pour la santé

Plusieurs arguments sont mis en avant pour réduire le temps de travail. Pour Unia, 40 heures et plus de travail par semaine, c’est trop! «Avec une moyenne de 41,7 heures par semaine, on travaille en Suisse plus longtemps que partout ailleurs en Europe. Nombreux sont celles et ceux qui font des journées encore plus longues en raison de la loi qui autorise jusqu'à 50 heures par semaine», souligne le manifeste. Contre ces durées de travail excessives, le syndicat préconise plus de temps pour la famille, l’engagement social, le repos et les loisirs.

Travailler moins, c’est aussi être en meilleure santé. Aujourd’hui, 28% des personnes actives en Suisse souffrent de stress au travail et le risque d’épuisement professionnel augmente, surtout chez les personnes aux faibles revenus. Fait injuste, selon Unia. «Des horaires de travail plus courts permettront de réduire drastiquement les atteintes à la santé et les coûts énormes qu’elles occasionnent.»

Par ailleurs, si tout le monde travaille moins, on aura une meilleure répartition du travail non rémunéré entre hommes et femmes, et donc davantage d’égalité. Unia s’explique: «En raison du nombre élevé d’heures à consacrer pour un travail à plein temps, il est impossible d’assumer encore les tâches familiales et domestiques indispensables. Raison pour laquelle le temps partiel est très répandu, en particulier chez les femmes, avec des retombées négatives connues sur les revenus et les rentes.»

Philosophie de vie

Si l’on se penche sur les données économiques, la réduction du temps de travail serait légitime selon Unia. «De 2016 à 2021, la productivité du travail a augmenté de 8% alors que les salaires ont progressé d'à peine 2,5% en valeur nominale. Une compensation avec plus de temps libre apportera un important complément aux hausses des salaires. Nous voulons avoir notre part de la valeur ajoutée et des bénéfices auxquels nous contribuons de manière significative.»

Il est également crucial de prendre en compte la transformation inéluctable du monde du travail en lien avec le climat et la numérisation. Cela nécessitera une nouvelle répartition du travail. «Une réduction du temps de travail permettra d’opérer ce changement de manière socialement juste, car elle contribue à diminuer les contraintes qui pèsent à la fois sur l'humain et l'environnement, et cela sans négliger personne.»

Enfin, et c’est peut-être le plus important, il s’agit de repenser le travail en tant que philosophie. «Nous ne voulons pas vivre seulement pour travailler, prône le manifeste. Le travail doit contribuer à la qualité de vie. La réflexion sur ce que sera le travail des générations futures ne saurait se faire en suivant la formule toute faite des employeurs qui exigent dérégulations et flexibilisations à n’en plus finir. Nous voulons repenser le travail en profondeur afin de pouvoir disposer d’une manière accrue de notre temps en fonction de nos besoins. Nous voulons plus de temps pour vivre.»

Pour toutes ces raisons, Unia et les délégués appellent la population à signer massivement le manifeste dans les semaines à venir.


Pour signer le manifeste en ligne, rendez-vous sur: unia.ch/fr/campagnes/manifeste-pour-la-reduction-du-temps-de-travail

En avant vers 2024!

Parmi les objectifs listés par l’assemblée des délégués, on peut retenir celui de renforcer les membres – de par leur nombre et leur engagement – mais aussi celui d’améliorer les prestations individuelles et collectives.

L’année prochaine sera par ailleurs décisive pour les employés de Coop, de l’hôtellerie-restauration, des boulangeries, des shops, de la sécurité et pour les plâtriers-peintres qui renouvelleront leur CCT. Unia sera aussi très présent sur le thème des soins de longue durée, avec la publication de son manifeste pour des soins de qualité. La santé au travail, tout comme la numérisation, seront des préoccupations centrales pour le syndicat.

Au niveau politique, plusieurs luttes s’annoncent: l’initiative pour une 13e rente AVS, mais aussi le combat contre LPP 21 et contre le projet de retraite à 66 ans. Enfin, les travaux en lien avec la mise en œuvre de l’initiative sur la protection contre le licenciement se poursuivront.

Pour aller plus loin

Unia Fribourg veut renforcer le pouvoir des militants

Photo de la grève des maçons à Fribourg en 2022

L’assemblée des délégués de la région a adopté un nouveau règlement qui remet la démocratie et les décisions des membres au cœur du syndicat. Explications

Victoire syndicale chez VW aux Etats-Unis

Le personnel de l’usine Volkswagen de Chattanooga, dans le Tennessee, a décidé à une écrasante majorité d’adhérer à l’UAW, le syndicat de l’automobile américain. Après deux votes...

Même à la retraite, elle sera de tous les combats

femme

L’heure est venue pour notre rédactrice en cheffe, Sylviane Herranz, de quitter le navire de «L’Evénement syndical» et de mettre le cap sur une retraite... militante. Entretien

«Il faut aller sur place, passer et repasser»

«C’est un travail de visibilité, il faut être sur place et, au bout d’un certain temps, les gens adhèrent. Il y a des jours sans adhésion et d’autres où on en comptabilise quatre. L’important est de marquer sa présence», explique Pedro Neves.

Unia Valais affiche une croissance de 4,2% de ses effectifs en 2023. Comment s’y prennent les syndicalistes du Vieux-Pays pour recruter de nouveaux adhérents? Reportage à Monthey