Garder un climat de paix sociale sur le site
Pouvez-vous décrire le partenariat social existant dans votre entreprise?
Tazuila Ngamiak: Pour Syngenta à Monthey, le partenariat social n’est pas basé uniquement sur la confrontation mais bien sur le dialogue et l’écoute. Il est fondé sur la confiance, en équilibre entre les intérêts des collaborateurs et ceux de l’entreprise.
Cet équilibre est possible et il fait partie de notre ADN. L’industrie dans son ensemble est passée par différentes phases. Il y a trente ans, une culture paternaliste s’imposait. Avec la mondialisation, des changements sont survenus. La culture de l’industrie n’exclut plus le rapport de force. On observe des fusions dans le monde de l’industrie, aujourd’hui il faut nécessairement aussi des forces sociales plus organisées et mieux respectées pour tenir cet équilibre entre les exigences de l’économie, de la finance et les ouvriers, d’où l’importance de notre représentativité.
Dans les négociations, les membres de la délégation syndicale doivent non seulement avoir des compétences, mais être représentatifs de leurs collègues. C’est ce qui nous donne de la force pour les négociations et ce qui crée l’alchimie permettant d’obtenir des progrès. Lors de ce renouvellement de la CCT, nous avons obtenu le maximum possible. Il est temps que les ouvriers comprennent ce changement de paradigme et se syndiquent pour accroître notre représentativité et notre crédibilité à la table des négociations.
Vous dites que cette représentativité assure la paix sociale dans l’entreprise?
Oui, cette représentativité et cette crédibilité sont aussi les garantes de la paix du travail. J’ai coutume de dire à la direction: «Chaque produit que vous sortez de l’usine comprend une part de recherche, une part de marketing et de réglementation, une part de technique et une part d’équilibre social.»
Un ouvrier qui travaille dans un environnement de confiance apporte un plus au produit fabriqué. Si le climat est pourri, cela entraîne immanquablement des conséquences sur la qualité des produits et la productivité. Le partenariat social est un facteur d’équilibre de la production, c’est donc un partenariat actif, serein et constructif.
Quelle est votre relation avec le directeur de Syngenta Monthey?
C’est une relation basée sur le respect mutuel et un dialogue permanent. On n’est forcément pas d’accord sur tous les points, mais en maintenant le dialogue, cela permet de garder un climat de paix sociale, ainsi qu’un environnement décisionnel plus dynamique.
Etre acteur de l’équilibre social
Qu’est-ce qui vous a conduit à adhérer au syndicat?
Tazuila Ngamiak: Ma première intention était d’être sûr que mes intérêts étaient protégés. Puis, j’ai réalisé que, pour les défendre, on le fait mieux dans le collectif. On découvre aussi qu’au-delà de cette simple définition, le syndicat est un outil important dans l’équilibre social, dans les relations entre patronat et travailleurs.
S’engager à travers le syndicat, c’est être un acteur qui contribue à la consolidation de cet équilibre. L’engagement connaît différentes étapes. Quand on arrive à la question «comment puis-je être utile à ma communauté?», on n’est plus dans l’attentisme et l’observation. On devient un acteur du changement! On ne peut pas modifier le déroulement du match en étant dans les gradins du stade, c’est en étant sur le terrain que l’on peut faire bouger les choses. La vraie question pour le syndicalisme, mais qui est vraie pour tout, c’est de savoir si vous souhaitez que le changement se fasse avec ou sans vous.