Une carte citoyenne à l’étude
L’exécutif de La Chaux-de-Fonds va étudier la possibilité d’une carte citoyenne pour tous les habitants y compris les personnes sans papiers
L’idée d’une carte citoyenne fait son chemin en Suisse et ailleurs. Et pourrait voir le jour à La Chaux-de-Fonds. Celle-ci permettrait d’emprunter des livres à la bibliothèque, de louer un appartement à la gérance de la Ville, de servir de monnaie locale ou encore de titre de transport. Un nom et une adresse suffiraient pour l’obtenir, offrant ainsi la possibilité aux personnes sans statut légal mais vivant et travaillant sur ce territoire depuis des années de détenir un papier facilitant leur quotidien et leur intégration, avec la protection des données en garantie. Pour l’heure, cette proposition a été avalisée par le Conseil général qui demande au Conseil communal une étude sur la question. Elle fait suite au dépôt d’une motion par le popiste Julien Gressot qui précise: «Pour éviter toute stigmatisation, il s’agirait de la combiner avec les autres cartes émises par la Ville. Tout en permettant une certaine rationalisation, elle serait surtout un outil de reconnaissance et d’amélioration de l’accès aux services de base pour les personnes sans papiers insérées dans la vie chaux-de-fonnière. Mais cela ne les protégerait bien sûr pas en cas de contrôle de la police cantonale par exemple.» La carte citoyenne ne dépasserait ainsi pas les compétences de la commune. «A La Chaux-de-Fonds, la population de sans-papiers est estimée entre 150 et 250. Les parcours sont protéiformes. Certains sont là depuis plus de dix ans, d’autres ont perdu leur permis à la suite d’un divorce par exemple… Ils font tous fonctionner notre économie, mais sont dépourvus de droits. Cette carte est un petit pas», explique Julien Gressot.
Dans d’autres villes
Précurseuse en Suisse romande, La Chaux-de-Fonds s’inspire largement de l’exemple zurichois. Fin novembre, l’exécutif de la ville alémanique a rendu un rapport positif sur la mise en place d’une «Züri City Card» qui sera débattue ce printemps par son Parlement.
Berne, Fribourg, Lucerne et Genève s’intéressent également à l’instauration d’une carte citoyenne. Outre-Atlantique, de nombreuses villes des Etats-Unis l’ont déjà adoptée, dont New York depuis 2015. Nicanor Haon, cosignataire de la motion chaux-de-fonnière, indique dans Gauchebdo que des études comparatives ont démontré que les sans-papiers dans ces cités ont un meilleur accès à la santé, sont moins victimes du travail au noir et appellent plus facilement la police, avec pour corollaire une diminution de la criminalité. Le bilan aurait donc un impact positif pour la société dans son ensemble.