Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Une protection des salaires et des emplois toujours trop timide

Restaurant fermé.
© Thierry Porchet

Alors que de nombreuses restrictions d’activités sont maintenues, l’Union syndicale suisse réclame davantage de soutien pour les bas revenus et un accès simplifié aux aides dans tous les secteurs.

L’extension de certaines mesures de soutien, proposée par le Conseil fédéral, reste insuffisante aux yeux des syndicats alors que de nombreuses restrictions sont maintenues

Parallèlement aux étapes d’assouplissement annoncées, le Conseil fédéral a adopté le message relatif à la modification de la Loi Covid-19. Transmis aux Chambres fédérales, qui doivent l’examiner dès cette semaine, le projet contient des mesures de soutien pour limiter les pertes d’emploi et de pouvoir d’achat.

Le Conseil fédéral veut doubler encore le fonds destiné aux cas de rigueur pour le porter à 10 milliards de francs. Il propose aussi d’augmenter de 66 jours l’indemnisation du chômage pour les mois de mars, avril et mai, ce qui évitera aux chômeurs arrivant en fin de droits durant cette période de basculer à l’aide sociale. En ce qui concerne la réduction de l’horaire de travail (RHT), il demande au Parlement la possibilité de prolonger la durée maximale de versement de 18 à 24 mois. Dernière disposition importante, le gouvernement souhaite appliquer rétroactivement l’indemnisation des pertes financières des acteurs culturels afin que ceux-ci puissent recevoir une aide pour la période allant du 1er novembre au 18 décembre 2020.

L’Union syndicale suisse (USS) salue ces améliorations. Mais, alors que sont maintenues des restrictions dans des banches comme l’hôtellerie-restauration, l’événementiel ou la culture, la faîtière syndicale note que «le Conseil fédéral ne propose ni la prolongation de la couverture à 100% du salaire pour les bas revenus en RHT, ni des mesures permettant d’améliorer le rythme de versement et l’accessibilité des aides». Pour l’USS, qui juge «insuffisant» le soutien aux salariés, il est impératif de maintenir la compensation à 100%, d’autant plus qu’elle ne concerne que les bas salaires et devrait donc être améliorée. Dans le domaine de la culture, si l’indemnisation rétroactive pour les acteurs culturels est positive, elle devrait aussi pour l’USS s’appliquer aux indépendants de cette branche. Dans tous les secteurs, l’accès aux aides devrait être simplifié.

L’USS se réjouit que le Conseil fédéral ait tracé une perspective et posé les premiers éléments d’une stratégie de sortie de crise. Sa réalisation implique cependant une mise en œuvre efficace des mesures de protection de la santé sur les lieux de travail, en particulier pour préserver les travailleurs vulnérables.

Pour une sortie de crise solidaire

Il fallait s’y attendre, la pandémie frappe plus durement les personnes à revenus modestes que les nantis, autant sur les plans sanitaire qu’économique. Des enquêtes à Genève et à Bâle montrent que les clusters sont plus virulents dans les quartiers populaires et que leurs habitants, souvent exclus du télétravail, sont plus exposés à un risque d’infection. Une étude publiée la semaine dernière par le Centre de recherches conjoncturelles de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich révèle, elle, que les ménages aux revenus inférieurs à 4000 francs ont perdu en moyenne un cinquième de leurs ressources financières. Pas moins de 27% des personnes appartenant à cette catégorie ont connu la réduction de l’horaire de travail (RHT). S’appuyant sur ces recherches, Unia a, dans un communiqué, revendiqué encore une fois une compensation à 100% de la RHT jusqu’à un salaire net de 5000 francs. Le syndicat demande, en outre, que les demandes d’aide sociale n’entraînent pas de sanction, certains travailleurs étrangers pouvant perdre leur permis. Et il propose une nouvelle redistribution sociale, par exemple sous la forme d’une taxe de solidarité sur les revenus en capital. Nous y reviendrons dans une prochaine édition.

Unia exige également du Conseil fédéral, dans un communiqué commun des syndicats et des organisations professionnelles de la santé, une «stratégie de la solidarité». Il s’agit d’éviter que la santé de la population ne soit compromise par un démantèlement trop rapide des mesures de protection sanitaire sous pression des lobbys patronaux. Les six organisations représentant le personnel de la santé réclament des «concepts de protection dans tous les lieux de travail et un strict contrôle des mesures». «Il est impératif que les salariés soient impliqués dans la définition des mesures de protection et dans le contrôle», écrivent-elles. La branche de la santé veut encore qu’une garantie de déficit soit accordée aux hôpitaux reconnus d’intérêt public pour les années 2020 et 2021, et que des investissements permettent d’y augmenter les effectifs. Idem pour les EMS et les soins à domicile. Sur la même ligne qu’Unia pour la RHT compensée à 100% jusqu’à 5000 francs, le communiqué recommande également «l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui ont bénéficié d’une aide d’Etat».

Pour aller plus loin

Un boulanger licencié à trois ans de la retraite gagne au Tribunal fédéral

Les mains d'un boulanger pétrissent de la pâte.

Les juges de Mon-Repos ont confirmé le caractère abusif de son licenciement, déplorant le manque d’empathie de l’entreprise.

La grande bataille de sa vie

Octavio Sanchez est interviewé.

Après quatre ans de procédure, Octavio Sanchez, un maçon tailleur de pierre, a réussi à faire reconnaître son épicondylite comme maladie professionnelle, avec le soutien d’Unia.

Le droit de manifester recule partout, y compris en Suisse

Des affiches prônant le droit de manifester devant un policier

Alors qu’Amnesty International vient de publier un rapport inquiétant sur la situation en Europe, tour d’horizon des restrictions apparues récemment dans notre pays.

Une collaboratrice d’Amnesty blanchie par la justice bernoise

Personnes avec un drapeau devant l'ambassade de Russie.

L’employée de l’ONG était accusée d’avoir organisé une manifestation illégale alors qu’elle était allée avec cinq personnes déposer une pétition à l’ambassade de Russie.