Le comité unitaire genevois en faveur de l’AVS x13 a lancé sa campagne la semaine dernière en rappelant que toutes les personnes à la retraite ne roulent pas sur l’or
Rassemblant la gauche et les syndicats, le comité unitaire genevois en faveur de la 13e rente AVS a lancé sa campagne la semaine dernière, en signalant qu’avec la hausse du coût de la vie, de plus en plus de personnes à la retraite sont en situation de pauvreté. «Si l’on en croit certains articles publiés dans les journaux, les retraités vivraient plutôt bien… le taux de pauvreté est pourtant élevé dans cette catégorie de la population», met en garde Helena Verissimo de Freitas, secrétaire régionale adjointe d’Unia Genève.
Selon une étude de Pro Senectute datant de 2022, 13,9% des plus de 65 ans, soit environ 200000 personnes, vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté, soit moins de 2300 francs pour une personne seule. «Ce taux atteint 15,9% à Genève», précise René-Simon Meyer au nom de l’Avivo, l’association de défense des retraités. S’y ajoutent celles et ceux qui, guère mieux lotis, se situent juste au-dessus du seuil, soit quelque 100000 personnes qui peinent également à joindre les deux bouts. «Nombreux sont contraints de partir vivre à l’étranger et, pour beaucoup d’entre eux, c’est un déchirement de se séparer de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Il n’est pas acceptable que des gens qui ont travaillé toute leur vie doivent quitter la Suisse.»
«L’octroi d’une 13e rente relève de la plus élémentaire justice sociale», souligne Jocelyne Haller, ancienne assistante sociale et députée d’Ensemble à gauche, par ailleurs militante d’Unia. «Cette rente supplémentaire compenserait à peine la hausse du coût de la vie depuis 2021. Et il faut rappeler que, d’après la Constitution fédérale, les rentes doivent permettre de maintenir un niveau de vie approprié. Or, pour la moitié des personnes à la retraite, les rentes AVS et du 2e pilier sont inférieures aux minima sociaux.»
«Une 13e rente me donnerait de l’air, car aujourd’hui, je me démène tant bien que mal pour m’en sortir. Je gagne environ 1600 francs de rente par mois et je ne peux pas faire face aux imprévus», témoigne Sergio Prat, reprographe retraité et conseiller municipal socialiste à Onex.
«Pourquoi on doit se serrer la ceinture?»
«On ne parle guère d’égalité dans cette campagne», pointe Thérèse Thévenaz du collectif Grève féministe. «Un quart des femmes retraitées n’ont que l’AVS pour vivre. Elles n’ont pas de quoi se payer un café et doivent compter sur la charité. Tout ça parce que leur parcours professionnel a été entrecoupé ou interrompu.»
«Avec l’AVS et le 2e pilier, j’ai 4200 francs de retraite, lorsque mes factures sont payées, il ne me reste que 600 à 800 francs pour vivre, mais j’ai des copines qui ont encore moins. Nous devons tout calculer. J’ai 2500 francs d’économies à la banque et s’il m’arrive un pépin, je n’ai plus rien, explique Henriette Stebler, institutrice à la retraite. J’ai toujours travaillé, j’ai élevé mes trois enfants, j’ai été proche aidante pour mon compagnon et mon frère, je me disais qu’à la retraite, j’allais faire ce que je voulais… C’est bien triste, on ne devrait plus parler de sous à la retraite; il nous reste dix ou vingt ans à vivre, pourquoi on doit se serrer la ceinture alors que les banques sont pleines à craquer?»