Unia Genève porte haut et fort l’initiative «Une vie ici, une voix ici»
Le syndicat s'engage à fond en faveur du droit de vote et d’éligibilité dès huit ans de résidence, comme le propose le texte soumis au vote le 9 juin
Unia Genève s’engage à fond en faveur de l’initiative «Une vie ici, une voix ici… Renforçons notre démocratie». Au menu des votations cantonales du 9 juin, ce texte propose d’accorder le droit de vote et d’éligibilité dès huit ans de résidence en Suisse. Moment fort de sa campagne, le syndicat a organisé le 25 mai une table ronde réunissant, sous une petite tente d’Unia plantée au milieu de la plaine de Plainpalais, des militants et des universitaires. Animée par Antoine Grosjean, journaliste à L’Evénement syndical, la discussion a attiré une quarantaine de personnes. «Je suis un peu frustrée, par exemple, pour la campagne en faveur de la 13e rente AVS, j’ai fait beaucoup de pub, mais je n’ai pas pu voter», a témoigné l’une des intervenantes, Maria, vendeuse dans une grande surface. Les adversaires du texte invitent volontiers celles et ceux qui désirent voter à se naturaliser. «Le chemin vers la naturalisation est devenu plus difficile, depuis 2018, elle n’est accessible qu’aux permis C», a toutefois rappelé Me Milena Peeva, de l’étude Peter et Moreau. «Un passeport coûte assez cher alors qu’une vendeuse comme moi n’a pas un grand salaire. Il faut, en outre, réunir des papiers et des témoins», a souligné Maria. «Je ne me sens pas Suisse, mais je suis, par contre, complètement Genevois et j’aimerais décider de ce qu’il se passe dans le canton où je vis et paie mes impôts», a lancé, de son côté, Rafal Przenioslo, colleur d’affiches né en Pologne, sous les applaudissements d’un public acquis et attentif. «Si on appliquait les critères d’intégration de la naturalisation, on verrait qu’une part de la population suisse ne les respecte pas. On ne se pose pas non plus la question des Suisses qui vivent à l’étranger depuis plus de trente ans et qui conservent le droit de vote», a pointé, pour sa part, Matteo Gianni. «Ce qu’il y a d’intéressant dans cette initiative, c’est qu’elle propose un mécanisme vertueux, l’intégration n’est plus liée à la nationalité, mais à des valeurs», a ajouté ce professeur au Département de sciences politiques de l’Université de Genève. «Pouvoir voter permet de mieux s’intégrer», a appuyé, quant à lui, Joao Carvalho, machiniste. «Pourquoi certains s’acharnent-ils à refuser le droit de vote à 40% de la population?» a questionné Claudio Bolzman, professeur honoraire à la Haute Ecole de travail social. «En tenant compte de l’abstention, la majorité des votants se situe aujourd’hui à environ 16% de la population, ce n’est pas beaucoup, avec l’initiative, la majorité pourrait passer à 25%, ce n’est pas symbolique, c’est pour cela que la bataille politique est difficile», a répondu Nicolas Levrat, professeur de droit à l’Université. Oui, mais il y a peu de chances que l’équilibre politique soit bousculé, «les étrangers se positionnent comme les Suisses sur l’échelle gauche-droite, a tempéré Matteo Gianni. Mais le droit de vote est important dans la mesure où il constitue une forme de reconnaissance et de respect.»
Photo Thierry Porchet
Vania Alleva distribue des tracts au Molard
«Depuis mi-avril, nous avons tenu chaque jour un stand», explique José Sebastiao, responsable des secteurs construction et artisanat de la section syndicale. Des militants, actifs notamment dans les groupes d’intérêt migration et retraités, ainsi que des secrétaires syndicaux diffusent quantité de flyers. Même la présidente d’Unia, Vania Alleva, a fait le déplacement de Berne pour distribuer des tracts sur la place du Molard. «Je suis venue soutenir les collègues qui mènent cette campagne, il est important pour moi que le droit de vote soit étendu à toutes les personnes qui vivent et travaillent ici. Nous avons plein de collègues dans le syndicat et autour de nous qui sont dépourvus de ce droit et de la possibilité de participer aux élections alors que leur contribution à la vie du pays est centrale», plaide la responsable syndicale.
Photo Olivier Vogelsang