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USA: les syndicats au secours de la démocratie

Soulagement de l’autre côté de l’Atlantique. Samedi dernier, Joe Biden remportait les élections dans certains Etats-clés lui permettant de passer la barre des 270 grands électeurs nécessaires pour accéder à la présidence des Etats-Unis. Pendant quatre jours, le monde avait retenu son souffle. La vague devant emporter le président Trump n’a pas déferlé. Motivant ce dernier à revendiquer la victoire dès les premiers résultats. Et à déclarer, comme il l’avait déjà fait auparavant, qu’il ne quitterait pas la Maison-Blanche.

Dans un pays profondément divisé, anéanti par la pandémie de Covid-19, responsable déjà de plus de 230000 morts, où le chômage a explosé, où l’accès aux soins est fermé à une très grande majorité de personnes, où le racisme systémique est attisé par un président favorisant l’émergence de milices armées, l’annonce de la victoire de Joe Biden pourrait n’apporter qu’un court moment de répit. Trump n’est pas prêt à renoncer à son armée d’avocats et de recours. Et à son pouvoir lorsque, le 20 janvier prochain, il devra céder la place à son successeur.

Avant même les élections, des syndicats ont pris position en défense du processus démocratique, par un appel à une grève générale pour chasser Trump s’il refusait le verdict des urnes. Cela dans une situation où les promesses faites par ce dernier aux travailleurs américains pour s’arroger la victoire il y a quatre ans n’ont de loin pas été tenues, bien au contraire. Sous le règne du milliardaire, 1800 usines et 310000 emplois ont été délocalisés. La pandémie a jeté à la rue des centaines de milliers de salariés. Et ce n’est que le prélude d’une crise plus profonde annoncée par la récession. A cela s’ajoutent les crimes racistes à l’origine de l’explosion sociale née après la mort de George Floyd ce printemps. Des mobilisations massives, rassemblant des Noirs, des Latinos, des jeunes, rejoints par des travailleurs et des syndicalistes. Des mobilisations exprimant non seulement la révolte contre la violence policière, mais aussi celle contre la violence d’un système capitaliste mettant le peuple américain à genoux, avec son cortège de misère, de précarité, d’inégalités et une pandémie incontrôlée.

Début octobre, face au risque d’autoritarisme, le Conseil du travail de Rochester (Nord de l’Etat de New-York) de l’AFL-CIO a appelé sa faîtière nationale – plus grande fédération syndicale du pays – ainsi que tous les autres syndicats des Etats-Unis «à se préparer et à décréter une grève générale de tous les travailleurs, si nécessaire, pour assurer une transition pacifique du pouvoir prescrite par la Constitution à la suite des élections présidentielles de 2020». Cette décision de l’union locale de Rochester et de ses 100000 travailleurs du bâtiment, de l’industrie et des services, a été suivie par des motions d’autres syndicats poussant l’AFL-CIO, représentant 12,5 millions de travailleurs, non pas à reprendre l’appel à la grève mais à déclarer que le mouvement ouvrier américain était «déterminé à défendre sa République démocratique».

Tout n’est pas encore joué. Les prochaines semaines seront décisives entre risques de guerre civile et espoirs de reconstruction sociale. Les syndicats occuperont un rôle central pour sauvegarder non seulement la démocratie, mais les conditions d’existence de toute la classe ouvrière américaine.