Les syndicats et la gauche n’auront pas transformé l’essai. Le week-end du 19 mai, une majorité de Genevois s’est prononcée en faveur de l’ouverture des magasins trois dimanches par an, comme en 2016, sauf que cette fois-ci, l’élargissement des horaires n’est plus conditionné à la négociation d’une convention collective de travail (CCT) dans le commerce de détail… Bien que cette loi soit expérimentale et qu’elle expire fin 2020, cela suffira sans aucun doute à nuire au personnel de vente. Parce qu’il y a fort à parier que, maintenant que la droite et les patrons ont obtenu ce qu’ils voulaient, plus aucun pas en avant, si tant est qu’il y en ait eu avant, ne sera fait de leur part! Les vendeuses et les vendeurs devront donc se contenter de leur contrat-type de travail, et tirer un trait sur une potentielle CCT leur assurant des plannings à l’avance, des samedis de libre, la réduction de l’amplitude des horaires de travail ou encore des jours de congé fixes.
«Les gens veulent des magasins ouverts le dimanche; l’existence d’une CCT n’est pas cruciale», a déclaré le député PLR Jacques Béné dans les quotidiens genevois, estimant que trois dimanches par an n’étaient toutefois pas suffisants… Et puis, de quoi on se plaint? Les usages au bout du lac prévoient des compensations à hauteur de 100% de salaire en plus alors que la Loi fédérale n’en accorde que 50%! «Bien sûr, nous préférerions une convention, mais ce sont les syndicats qui l’ont dénoncée en 2016», ose le politicien, qui laisse entendre qu’une ouverture est possible pour autant que ces derniers «ne soient pas jusqu’au-boutistes». Pas besoin de rappeler que le PLR est à la botte des patrons qui ont déposé un recours auprès du Tribunal fédéral contre des salaires minimaux à 4007 francs, et les mêmes qui ont négocié une CCT avec un syndicat fantoche afin de faire passer coûte que coûte leurs ouvertures dominicales.
De leur côté, les syndicats ne manqueront pas de s’assurer que le travail du dimanche est consenti et seront très attentifs aux chiffres d’affaires des commerces. Pour le reste, d’autres combats sont encore à mener, à l’image du projet de loi de l’UDC genevoise visant à ouvrir les commerces jusqu’à 20h du lundi au samedi. A Nyon, où la Municipalité a donné son feu vert aux prolongations le samedi de 18h à 19h. Un projet qui sera combattu par référendum par Unia. Mais aussi à Vevey, où en raison de la Fête des Vignerons, les commerces pourront, si le recours d’Unia est rejeté, jouer les prolongations jusqu’à 20h tous les soirs du 1er juin au 15 août, faisant un pied de nez aux travailleurs et à leurs représentants. Enfin, à Fribourg, Unia a jusqu’au 30 juin pour convaincre les électeurs de voter Non à la prolongation des ouvertures des magasins le samedi de 16h à 17h. Résister c’est s’opposer à la précarisation d’un secteur déjà fortement soumis à la sous-enchère et aux bas salaires. C’est aussi s’opposer à la précarisation des femmes, particulièrement représentées dans la vente. Voilà encore une bonne raison de faire grève le 14 juin!