Face à la précarité grandissante des employés sur le site de Cointrin, une pétition a été adressée à Mauro Poggia. La direction a rencontré les syndicats genevois
La coupe est pleine à l'aéroport international de Genève. Stress, mobbing, horaires de fou, pauses non accordées et contrats précaires: les scandales s'enchaînent et se répètent. On se rappelle des auxiliaires engagés avec des contrats de zéro heure garantie chez Dnata, de cette employée qui, faute de pause, avait uriné sur son poste de travail, ou encore de ce salarié de Gate Gourmet licencié après vingt-huit ans de bons et loyaux services pour avoir mangé un petit pain voué à être jeté à la poubelle.
Si les syndicats tirent la sonnette d'alarme depuis des années, la direction de Genève Aéroport et les autorités brillent par leur immobilisme. «Une séance avait eu lieu en décembre 2018 à l'aéroport sous l'égide de la Chambre des relations collectives de travail (CRCT), lors de laquelle les problématiques avaient été identifiées par les syndicats genevois, qui avaient demandé à cette occasion l'ouverture rapide de négociations pour assainir les conditions-cadres sur le site», rappelle Yves Mugny, secrétaire syndical chez Unia.
Alors que Mauro Poggia, conseiller d’Etat en charge du dossier, s'était engagé à intervenir, rien de concret n'a été fait depuis. Raison pour laquelle, le 26 juin, Unia lui a remis en mains propres une pétition accompagnée de 1784 signatures. «La récolte de paraphes a été assez difficile à mener, car l'accès aux travailleurs et aux salles de pause est restreint a l'aéroport», souligne le syndicaliste.
Revendications
La pétition se décline en cinq axes. Elle demande, dans un premier temps, d’assurer des emplois à un taux et un salaire dignes, mais aussi de limiter au maximum le nombre d'emplois précaires, de garantir un rythme de travail décent, la soumission de tous les employés à un champ conventionnel négocié avec les représentants des employés, et enfin, le respect et le contrôle des dispositions légales et conventionnelles. Les objectifs sont multiples: mettre fin à la précarité financière des employés, qui touche même le personnel fixe, en finir avec l’automatisme du temps partiel, limiter le travail précaire, venir à bout du sous-effectif, soumettre tous les employés à une convention collective de travail favorable, et enfin, contrôler que les règles soient bien respectées. «La situation est urgente, et elle est devenue une priorité pour les syndicats genevois. Si les choses ne bougent pas, des actions seront à prévoir», conclut Yves Mugny, qui rappelle qu'un établissement public de cette envergure se doit d'être exemplaire.
Syndicats entendus
Deux jours plus tard, le 28 juin, la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) a été reçue une heure de temps par la direction de Genève Aéroport. «Nous avons repris tous les points listés par les syndicats genevois en décembre 2018, rapporte le secrétaire syndical. La direction n’avait rien préparé, elle s’est contentée de prendre note et a promis de revenir vers nous.» Espérons que le processus soit bel et bien lancé…