La pression des délais, renforcée par la crise sanitaire, augmente encore les risques dus à la chaleur intense. Unia exige que la santé des maçons soit préservée
Une nouvelle vague de chaleur s’est abattue sur la Suisse en fin de semaine dernière. Si celle-ci devrait s’atténuer ces prochains jours, il n’est pas inutile de rappeler que travailler dans ces conditions comporte de grands risques, que ce soit en plein air ou à l’intérieur.
Sur les chantiers, le soleil, les hautes températures, le rayonnement ultraviolet et l’ozone peuvent avoir des conséquences dramatiques. Outre la déshydratation ou le coup de chaleur, parfois mortel, les risques d’accidents sont augmentés de 7%. L’exposition directe au soleil favorise aussi le cancer de la peau. Chaque année, près de 1000 salariés contractent un tel cancer en Suisse.
A ces dangers s’ajoute la pression des délais, préexistante à la crise sanitaire et qui s’est accrue depuis. «En période d’intense chaleur, les règles de sécurité doivent impérativement être respectées sur tous les chantiers. Malheureusement, de nombreux chantiers continuent à tourner à plein régime, même en cas de canicule, pour rattraper les retards causés par la pandémie», s’indignait Unia fin juillet.
Vies en péril
«Certains chantiers ne respectent pas les consignes de sécurité en cas de fortes chaleurs, ni les mesures de lutte contre le coronavirus. Cela met en péril la santé et même la vie des maçons, uniquement pour tenter d’atteindre des objectifs souvent irréalistes dès le départ», alerte Unia dans son communiqué.
Le syndicat rappelle que l’employeur est responsable de la santé de ses employés et doit mettre à disposition les moyens de protection nécessaires, tels que crème solaire, lunettes, eau en suffisance, et adapter l’organisation du travail en fonction des températures, aménager les pauses dans des endroits frais et en accorder davantage. «En cas de températures dangereuses pour la santé, le travail doit être stoppé», ajoute Unia, qui demande également aux maîtres d’ouvrage de faire preuve de flexibilité dans la planification pour tenir compte de la protection des ouvriers et d’accepter de reporter les délais.
Début juillet, le syndicat a lancé une vaste campagne de sensibilisation et d’information sur les chantiers du pays afin de contrôler, sur la base d’un formulaire élaboré par la Suva, le respect des mesures de protection (voir notre reportage dans L’ES du 15 juillet). Unia se tient prêt à intervenir aux côtés des maçons là où les règles ne sont pas suivies. Un bilan de ces vérifications sera tiré à la fin de la période estivale.
Les règles à observer dans la construction en cas de fortes chaleurs
Sur son site internet, Unia rappelle quelques règles à respecter en cas de fortes chaleurs. Le patron est responsable de la santé de ses employés mais ces derniers doivent aussi se protéger. L’employeur doit notamment informer les travailleurs sur les risques du soleil, de la chaleur et de l'ozone, leur fournir des moyens de protection (vêtements, crème solaire, etc.) et suffisamment d'eau. Il doit également organiser des lieux de pause au frais et installer des protections contre le soleil; adapter la planification du travail selon la température (voir tableau); limiter ou arrêter complètement le travail dès 34 °C ressentis; garantir les premiers secours et assurer une surveillance des travailleurs pour qu’ils puissent intervenir en cas de besoin.
De son côté, le travailleur doit protéger sa peau avec des vêtements et de la crème solaire, porter des lunettes de soleil et boire suffisamment d'eau (au moins 3 à 6 litres par jour).
Température
Durée du travail
Pauses
Efforts physiques
Dès 25 °C
Adapter l’horaire, commencer tôt le matin.
Toujours faire les pauses à l’ombre.
Réduire les charges et les efforts physiques.
Dès 30 °C
Eviter les tavaux pénibles en cas d’exposition directe au soleil.
Pauses supplémentaires de 5 minutes par heure.
Réduire de moitié les charges et les efforts physiques.
Dès 34 °C ressentis
Décaler le travail aux heures matinales, voire l’interrompre complètement.
Pauses supplémentaires de 15 minutes par heure.
Ni charges lourdes à porter, ni autres efforts physiques.
Si ces règles ne sont pas respectées, il est conseillé d’interpeller le contremaître ou d’aviser le syndicat Unia. (Source: unia.ch)