"C’est un affront pour le personnel du secteur"
Les associations patronales du second œuvre romand ont refusé toute revalorisation des salaires. Colère des syndicats
«Il s’agit d’une gifle infligée à quelque 22000 salariés actifs dans ces métiers qui ont travaillé dur durant la pandémie.» Dans un communiqué commun, Unia et Syna ont dénoncé l’attitude des employeurs du second œuvre romand qui ont refusé toute revalorisation des salaires des collaborateurs œuvrant dans les domaines de la menuiserie, charpente, plâtrerie-peinture, pose de sols, carrelage, etc. La séance de négociations tenue le 5 novembre dernier a en effet tourné court. Les deux principales organisations patronales de la branche, la FRECEM (Fédération romande des entreprises de charpenterie, d’ébénisterie et de menuiserie) et la FREPP (Fédération romande des entreprises de plâtrerie-peinture) ont rejeté toute revendication de majoration des rémunérations. Et n’ont, selon les syndicats, opposé aucun argument valable justifiant un blocage salarial. «En effet, la conjoncture est excellente dans la construction en général et dans le second œuvre en particulier. Les carnets de commandes sont pleins, les permis de construire délivrés en hausse, tout comme les investissements relatifs à l’assainissement énergétique des bâtiments.» Au regard de cette situation, Unia et Syna estiment que rien ne peut expliquer un tel refus des patrons, «hormis des motivations idéologiques, voire l’appât du gain». Et s’insurgent contre le fait que la reprise ne profite pas aussi aux travailleurs. «C’est un véritable affront pour le personnel. Une attitude totalement irrespectueuse. Les salariés ont aussi clairement souffert de la crise sanitaire et nombre d’entre eux ont vu leur rémunération amputée de 20%. On agit comme si rien ne s’était produit», s’énerve Aldo Ferrari, co-responsable du secteur Arts et métiers d’Unia.
Zéro reconnaissance
Les représentants des travailleurs rappellent en effet dans la foulée les difficiles conditions de travail rencontrées par les employés multipliant, précisent-ils, les heures supplémentaires. Des conditions qualifiées d’indignes, «sur des chantiers trop souvent insalubres et mal organisés». «Durant la pandémie, les travailleuses et les travailleurs réduits à manger sur des parkings et dans des locaux non chauffés ont fait les gros titres. Là où la décence plaiderait pour une reconnaissance de leurs efforts, le patronat préfère poursuivre sa ligne de blocage salarial. Depuis 2012, seul 1,8% d’augmentation négociée a été concédé, et rien depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Convention collective de travail (CCT) en 2019. Contrairement à de nombreuses branches de l’artisanat où il y aura des augmentations.» Pour Unia et Syna, cette situation pénalise l’attractivité des métiers du second œuvre romand alors que l’on constate déjà une baisse «dangereuse» du nombre d’apprentis et une pénurie du personnel qualifié. «Cette politique de guerre des prix assumée durant dix ans par le patronat ne profite à personne. Les travailleurs et les travailleuses n’entendent pas en subir les conséquences.» Et les syndicats de prévenir qu’ils s’organiseront activement dès maintenant pour s’en défendre, notamment en vue du renouvellement de leur CCT en 2023.