La secrétaire régionale Catherine Laubscher part à la retraite en 2021. Silvia Locatelli lui succède
Dès le 1er janvier 2021, Silvia Locatelli succédera à Catherine Laubscher à la tête d’Unia Neuchâtel. Cette dernière partira à la retraite quelques mois plus tard après 24 ans de travail syndical dont onze années au poste de secrétaire régionale. Chaleureusement remerciée par le comité directeur, la militante féministe et syndicale – nous reviendrons sur son parcours au moment de son départ – voit ainsi une femme lui succéder. Une ancienne collègue de surcroît, puisque Silvia Locatelli a été secrétaire syndicale à Unia Neuchâtel de 2009 à 2015, dont quatre ans en tant que responsable des secteurs de la construction et de l’artisanat. Actuellement chargée de missions au Département neuchâtelois de l’économie et de l’action sociale, la juriste de formation y a essentiellement travaillé dans le domaine de l’intégration professionnelle. Née à Bienne en 1979, de parents immigrés espagnols, la Chaux-de-Fonnière, candidate socialiste l’an passé au Conseil des Etats, est heureuse de cette nomination et consciente des défis qui l’attendent. Entretien.
Quelles sont vos motivations pour revenir à Unia cinq ans après avoir quitté le syndicat?
En 2015, j’ai quitté Unia car Jean-Nathanaël Karakash (conseiller d’Etat neuchâtelois, ndlr) m’a proposé de participer à un projet refondant toute l’approche de l’intégration professionnelle. Après avoir critiqué la politique cantonale de l’emploi pendant sept ans en tant que députée socialiste au Grand Conseil, j’ai saisi l’opportunité de mettre la main dans le cambouis. Il y a encore beaucoup à faire, mais je suis heureuse d’avoir contribué à la mise en place d’une politique transversale qui impacte les secteurs de l’emploi, de l’économie, du social et de la migration. Pendant la crise, j’avais la tâche de coordonner les mesures économiques et j’ai compris combien le lien entre l’Etat et les partenaires sociaux est primordial. En 2021, je vais changer de casquette, tout en gardant mon réseau, des liens de confiance, la connaissance des mécanismes et des lacunes à combler. Avec la grève féministe et la grève du climat en 2019, j’ai également senti l’envie de m’impliquer encore plus activement pour un changement de société, militer davantage et retrouver une liberté de paroles. J’ai envoyé ma postulation à Unia le 13 mars, juste avant l’annonce de la fermeture des écoles. Je ne m’attendais donc pas à l’ampleur du défi. Mais cela est d’autant plus motivant – même si, bien sûr, j’aurais préféré que la situation soit autre – de revenir sur le terrain pour tout faire pour éviter la casse.
Comment voyez-vous la situation des travailleuses et des travailleurs du canton de Neuchâtel face à la crise provoquée par le Covid-19?
La protection des travailleuses et des travailleurs prend encore une autre dimension avec la crise actuelle. Les lacunes législatives sont criantes. Au niveau du canton de Neuchâtel, très industriel et exportateur, dès que ça commence à tousser – si je peux me permettre ce mauvais jeu de mots – dans le monde, on en ressent rapidement les effets ici. Avec les manifestations à Hong Kong déjà, puis le Covid-19 en Chine, il y a eu un ralentissement, mais personne ne s’attendait à cette ampleur. Reste que c’est aussi une l’opportunité à saisir pour le syndicat de montrer son importance, de remobiliser la base et de faire pression pour changer la Loi sur le travail qui est lacunaire. Dans le canton, nous avons déjà perdu des emplois. Selon les estimations, 1000 à 1500 postes pourraient disparaître. Et ce malgré la prolongation des RHT (réduction de l’horaire de travail) qui était nécessaire.
La numérisation du monde du travail représente aussi un défi pour le syndicat…
Oui, nous devons lutter pour un droit à la reconversion et à la formation pour les salariés dont les emplois vont disparaître, et soutenir les plus de 55 ans particulièrement vulnérables. Avec le télétravail – qui a ses avantages et ses effets pervers – notre législation n’est plus adaptée, notamment avec l’augmentation des faux indépendants.
D’où vient votre militantisme?
Mes plus vieux souvenirs remontent à mon enfance durant laquelle j’étais souvent habitée par un sentiment d’injustice. Mes parents travaillaient dans la restauration, puis ont eu leur propre restaurant et nous avions fréquemment des tensions sur les conditions de travail de leurs employés. J’ai participé à ma première manifestation pour la norme antiraciste. Puis ma colère face à l’élection de Christoph Blocher m’a poussée à m’engager politiquement. J’ai choisi le Parti socialiste, dans lequel je me situe clairement à gauche.