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Comme une seule femme

Plusieurs portraits de femmes du film.

Portrait de centaines de femmes, "Woman" fait le point sur la place qu’elles occupent dans nos sociétés. Un documentaire signé Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand

Deux mille femmes, cinquante pays, huit journalistes, deux cinéastes, des dizaines de thématiques et un nombre incalculable de langues! Voici les chiffres qui résument le nouveau documentaire d’Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand, un projet à l’échelle mondiale. Fondé sur des entretiens individuels rassemblant des centaines de témoignages de femmes très différentes, allant de la cheffe d’Etat à la reine de beauté en passant par une chauffeuse de bus ou des paysannes travaillant dans des régions reculées, le film dresse un tableau, le plus complet possible, de ce que signifie être femme dans le monde d’aujourd’hui. Entre ces témoignages, tournés intégralement sur fond noir et face caméra, des cartes postales figées prolongent visuellement l’histoire de ces femmes en les présentant dans leur habitat quotidien. Quatre séquences plus consistantes et imaginées par différents artistes viennent finalement explorer de manière allégorique certains propos du film tels que, par exemple, le rapport au corps ou la maternité.

Discours universel

Les protagonistes originaires, entre autres, d’Ethiopie, de Grèce, de Roumanie, du Mexique, de France ou d’Israël s’enchaînent ainsi à l’écran, énonçant à tour de rôle, tantôt quelques phrases, tantôt un mot seul ou même un simple sourire. Et les différents témoignages viennent s’articuler autour de diverses thématiques allant de l’enfance et les ravages de l’excision, à la vieillesse et le regard des autres, en passant par le monde du travail, la sexualité, les violences ou encore le rapport aux canons de beauté. L’intelligence du montage donne une sensation d’homogénéité dans le discours d’intervenantes qu’a priori tout oppose. Une impression encore accentuée par le choix de ne donner aucune indication quant à l’origine ou à la nationalité de ces femmes. Le résultat en est le sentiment d’une voix féminine universelle qui dresserait un bilan des inégalités hommes-femmes sur notre planète sans stigmatiser une société plutôt qu’une autre, en mettant la collectivité face aux déséquilibres criants et en rappelant également au passage le rôle des mères dans ce combat: «Derrière chaque homme, il y a une femme qui l’a élevé comme le roi du monde», affirme une des protagonistes. Mais malgré ce discours «global», les cinéastes parviennent brillamment à éviter les clichés et les généralisations et réussissent à aller au-delà d’un titre – Woman («Femme» au singulier) – qui pourrait sembler réducteur au premier abord.

De la nécessité d’être entendue

Engagée dans les questions d’immigration illégale, de trafic d’organes et des mères porteuses, la réalisatrice et journaliste d’origine ukrainienne Anastasia Mikova s’allie ici au photographe, reporter et militant écologiste français Yann Arthus-Bertrand qui, depuis les années 1990, s’investit sans relâche pour dresser un portrait de l’état de notre planète. Dans la continuité de Woman et de leurs combats respectifs, les deux cinéastes ont créé une association financée grâce aux recettes du film et dont la mission est de former des femmes du monde entier aux métiers des médias. L’objectif étant «qu’elles puissent à leur tour porter la parole de toutes celles qui, pendant longtemps, n’ont pas été entendues». Et le binôme de conclure: «En nous faisant confiance, ces femmes nous ont investis d’une grande responsabilité: faire en sorte que leurs voix soient écoutées. Pour que, demain, celles qui représentent la moitié de l’humanité ne soient plus jamais considérées comme le sexe faible.»

Woman, d’Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand, sortie en Suisse romande le 11 mars.

Affiche du film.