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Conditions de travail chez Ryanair: le résultat des grèves

Les années 2017 et 2018 ont été marquées par un important changement dans la direction de la compagnie aérienne qui, malgré elle, a dû peu à peu admettre le principe d’un dialogue avec les syndicats. La bataille n’est toutefois pas terminée

Le Parisien, la RTS, Le Monde, La Libre Belgique, Le Temps, Air Journal, Libération, BFMTV, RMC, etc., dénoncent depuis 2012 les conditions de travail déplorables du personnel de la low-costRyanair.

Compagnie interne irlandaise en 1985, Ryanair doit son essor, depuis 27 ans, à son PDG Michael O’Leary, qui a choisi d’en faire une compagnie bon marché (low-cost), en infligeant à son personnel des conditions de travail dignes de l’esclavage, profitant des pays où le chômage était en augmentation.

Sofia Lichani, hôtesse de l’air, a décrit sur les ondes de RMCl’enfer qu’elle a vécu. «J’ai été embauchée sous “contrat irlandaisˮ(bien que vivant en France) pour une durée déterminée renouvelable. Le contrat établi par l’agence d’intérim Crewlink, appartenant à Ryanair, était très lacunaire. Rapidement, j’ai découvert un univers impitoyable de dumping salarial. Le salaire est calculé au tarif de 16,20 euros par heure de vol réellement effectuée. Le briefing avant le vol n'est pas payé, ni l'embarquement, ni les procédures de sécurité, ni même quand l’avion a du retard. Nous ne sommes payés qu’à partir du moment où l’avion décolle. Au débarquement, il faut faire le ménage, qui n'est pas payé non plus. Si nous tombons malade, il n’y a pas de salaire. Dans mes premiers mois, mon salaire n’a pas dépassé 400 euros. Sur 55 mois, j’ai effectué 5000 heures de travail dont seulement 3700 m’ont été payées.» Et d’autres employés de renchérir: «A bord, la vente de produits hors taxe doit être optimisée, surveillée par un passager “mystèreˮ qui fait son rapport. L’employé reçoit une menace écrite de licenciement si les ventes à bord ne sont pas satisfaisantes. Embauchés en tant qu’indépendants, pas de cotisations aux caisses maladie ni aux caisses de retraite. Les employés doivent se rendre en Allemagne pour une formation de six semaines non rétribuée, avec les frais de déplacement, de logement et de nourriture à leur charge, soit plus de 3000 euros auxquels il faut ajouter 500 euros d’inscription.»

Luttes répétées...

A partir de 2017, une suite d’événements décisifs va changer la situation, et des négociations vont enfin permettre aux employés de bénéficier du principe de base d’un contrat propre aux règles de chaque pays et non à celles de l’Irlande. C’est en bonne voie, mais il faudra passer par des grèves pour en arriver là.

Historique: août 2017, Ryanair doit annuler 2000 vols à cause d’une pénurie de pilotes. Les commandants de bord constatent que ce phénomène se généralise dans l’ensemble de l’aviation de ligne mondiale. Les revendications deviennent désormais possibles pour les pilotes, quitte à démissionner pour offrir leurs services ailleurs où les salaires et des conditions de travail sont plus décents.

Août 2017: les pilotes reçoivent une lettre de la direction leur intimant de renoncer à dix jours de congé contre une nouvelle prime, mais en s’engageant à travailler au moins un an pour leur compagnie. Les 17 bases européennes rejettent la proposition. Les pilotes reçoivent comme réponse sèche: «Un pilote doit travailler et se taire!»

Septembre 2017: la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) reconnaît le bien-fondé des plaintes de plusieurs employés européens et déclare qu’hors d’Irlande, Ryanair ne devrait plus appliquer le droit du travail irlandais. Ryanair passe outre.

Menaces et annulations de vols

Fin novembre 2017: les personnels de bord de l’Irlande, du Portugal, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Belgique et de l’Espagne lancent un préavis de grève pour la période du 15 au 20 décembre. Ryanair accepte une négociation mais à condition que celle-ci ait lieu en janvier 2018, date à laquelle elle déclare les revendications «ridicules», et menace les pilotes de délocalisations, de suppressions de primes, etc.

Juillet 2018: à l’appel de cinq syndicats de pilotes auxquels se joignent ceux du personnel de cabine, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et la Belgique annulent 600 vols les 25 et 26 juillet. Dans les aéroports, les employés arborent des T-shirts avec le slogan: «Ryanair doit changer». 

Septembre 2018: nouvelle grève, 250 vols sont annulés. Ryanair menace de délocaliser les employés irlandais en Pologne. La menace n’a pas d’effet. Michael O’Leary baisse la garde et abandonne le projet. Il signe un accord de convention collective avec les syndicats de plusieurs pays dont celui des employés italiens.

Aujourd’hui, la bataille n’est pas terminée. Les syndicats restent en effet sur la brèche pour l’application des lois du travail propres à chaque pays.

 

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