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Confident du temps

Spécialiste des avalanches, Robert Bolognesi lance meteo magazine. Une passion des phénomènes du temps partagée

Si Robert Bolognesi cumule les titres de météorologue, géographe, informaticien, auteur d'ouvrages de vulgarisation scientifique... il est avant tout un docteur. Un médecin d'un type particulier, qui opère en haute altitude. Un praticien à skis et peaux de phoque, équipé de pelle, mètre, corde et loupe, qui se charge d'ausculter le manteau neigeux des Alpes valaisannes, d'en évaluer sa nature, sa stabilité, et de poser un diagnostic sur les risques d'avalanches qu'il présente. Comme les professionnels en blouse blanche, Robert Bolognesi n'a d'autre souci que de préserver des vies humaines. Et ses escapades en montagne lui rappellent à chaque fois combien l'existence est précieuse mais aussi fragile.

Dans l'instant présent
Héliporté au sommet de vertigineux couloirs ou les gravissant à la force des mollets, ce féru de montagne agit toujours en solitaire. Inutile d'exposer d'autres personnes au danger. Dans ces moments où il fait corps avec la nature, cherche à en percer ses secrets, la gamme des sentiments ressentis est exacerbée: à la nécessité d'être extrêmement attentif à l'instant présent - le moindre faux pas peut se révéler fatal - se greffent une indicible émotion du beau, une sérénité troublante. Vertige d'un décor sublime mais non sans menaces... «On est là, juste avec soi-même, pénétré par différentes sensations comme le froid, le sec, un silence plein de bruits... Il faut être très réceptif. Des trucs banals dans l'ordinaire comme ne pas tomber se chargent, dans ces moments, d'une tout autre dimension. C'est vraiment prenant», relève ce passionné de la neige, cherchant les mots exprimant au mieux un vécu hors du commun.

Entre sécurité et tourisme
Homme de terrain, Robert Bolognesi n'en est pas moins un ingénieur qui, dans le bureau qu'il a fondé à Sion, Meteorisk, réfléchit et travaille à la prévention des risques météorologiques. Etablissement de cartes, de plans de protection de barrages, études sur les moyens d'optimiser le déclenchement d'avalanches, conception d'outils spécifiques, calculs de contraintes contre les pylônes... Le spécialiste remplit essentiellement des mandats pour les communes et les sociétés de remontées mécaniques. Une tâche parfois délicate, les intérêts défendus par les différents acteurs de la montagne pouvant s'affronter, entre impératifs sécuritaires et objectifs touristiques. Aussi, Robert Bolognesi doit de temps à autre batailler dur pour se faire entendre. Notamment quand il préconise, par exemple, la fermeture d'un col en raison de dangers potentiels. Mais la prévention n'a pas de prix. Dans ce contexte, Robert Bolognesi assume aussi la formation de guides, patrouilleurs, professeurs de ski et donne ponctuellement des cours à l'EPFL et dans des Universités (Lausanne, Paris). Ces activités l'amènent également à intervenir à l'étranger. Le Chili, le Canada, la France, l'Espagne... ont ainsi déjà fait appel à ses connaissances très pointues de la neige.

Le froid sur papier glacé
Bien que l'hiver soit le principal employeur de Robert Bolognesi, cet homme de 47 ans a fait de toutes les saisons son fonds de commerce. Et le temps qu'il fait ou fera lui prend tout le sien. Rédacteur de bulletins météo à la télévision régionale valaisanne Canal 9, ce Français d'origine, et Valaisan d'adoption anime également hebdomadairement une émission consacrée à des thèmes en relation avec le climat. Aujourd'hui, il relève un défi supplémentaire en lançant meteo magazine. Une publication semestrielle, tout public, qui sera écrite par différents spécialistes des phénomènes du temps. Dossiers, témoignages, portrait, actualité, humour... émailleront la revue dont le numéro un, ciblé sur le froid, sortira en décembre prochain. D'ici là, l'homme qui cherche à recueillir les confidences du temps se refuse à épiloguer sur une éventuelle canicule estivale. Et, sans pouvoir affirmer si cet extraordinaire mois d'avril passé est la conséquence du réchauffement climatique ou non, s'interrogeant sur le degré de responsabilité des êtres humains dans ce phénomène, Robert Bolognesi préconise dans tous les cas «d'arrêter de balancer du CO2 dans l'atmosphère, du pétrole dans la mer et du mercure dans le sol».

Sonya Mermoud

Informations et souscription à meteo magazine: www.meteo-magazine.com