«Happy Trashiversary», ou encore «Joyeux Pourriversaire». Des militants du mouvement Break Free From Plastic se sont invités aux sièges de grandes entreprises pour leur offrir des paquets cadeaux remplis de déchets plastiques produits par leurs soins. Vous l’aurez saisi, l’ironie de cette fausse célébration est de dénoncer l’inaction des grands groupes contre la pollution plastique. Depuis quatre ans, plus de 200000 volontaires effectuent des nettoyages et des audits de marques dans 87 pays afin d’identifier celles qui y contribuent le plus. Sans surprise, et depuis le début, Coca-Cola Company arrive en haut du podium, suivi de PepsiCo et de Nestlé. Dans un communiqué de presse, Greenpeace, membre de Break Free From Plastic, informe qu’au cours des cinq dernières années, les bénévoles ont collecté plus de déchets provenant de chez Coca-Cola que de chez les deux autres groupes réunis. Et apparemment, cela ne va pas en s’arrangeant puisque, cette année, le rapport mondial «Branded» indique que plus de 31000 produits du groupe Coca-Cola ont été trouvés, soit deux fois plus qu’en 2018…
Clairement, les engagements pris par les entreprises ne suffisent pas à résoudre la crise du plastique, et se limitent à des effets d’annonce. Rien d’autre que du greenwashing. Le rapport d’activité du Global Commitment pour la New Plastics Economy, porté notamment par le Programme des Nations Unies pour l’environnement, montre que les objectifs de 2025 ne seront pas atteints. Pire, il révèle que, pour de nombreuses entreprises, la quantité d'emballages plastiques a même augmenté depuis 2018. Des vaines promesses, voilà à quoi se résume l’action des grandes entreprises de biens de consommation. Prenons l’exemple de Nestlé: la multinationale a certes réduit son poids total d’emballages plastiques depuis 2018, mais alors qu’elle s’était engagée à ne produire que des emballages recyclables ou réutilisables d’ici à 2025, les chiffres montrent en réalité que la part de ces derniers a diminué de 4% entre 2018 et 2021, pour stagner à 1%… Comment venir à bout du fléau du plastique avec si peu d’ambition?
Vous pensiez être au maximum de l’indignation? Saviez-vous que le plastique est produit à partir de combustibles fossiles? Que production et pollution plastique sont intimement liées aux gaz à effet de serre et au réchauffement climatique? Ce serait donc extrêmement choquant de voir une quelconque référence des grands pollueurs cités ci-dessus à une grand-messe du climat comme l’est la COP27. Eh bien, ils ont osé: Coca-Cola Company était le sponsor officiel de la 27e conférence des Nations Unies sur le climat qui a pris fin le week-end passé en Egypte. Le message envoyé est désespérant. Et alors que les activistes du climat savent d’ores et déjà que tous les engagements pris lors de cette COP ne sont que de la poudre aux yeux, ils exigent la mise sur pied d’un traité mondial sur le plastique qui soit ambitieux et juridiquement contraignant, afin de limiter la production et l’utilisation du plastique à usage unique. Avec 8 milliards d’êtres humains sur Terre, agir maintenant est impératif.