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«Dans l’horlogerie, nous sommes loin du compte»

Rassemblement des horlogères à La Chaux-de-Fonds.
© Thierry Porchet

C’est en nombre que les travailleuses des sociétés Universo, Rubattel & Weyermann et Comadur sont sorties à la pause de midi pour rejoindre l’action préparée par Unia. Après les prises de parole de plusieurs d’entre elles, les huit revendications élaborées par un groupe de salariées ont été lues sur le trottoir faisant face à leurs entreprises.

A La Chaux-de-Fonds, 150 ouvrières du groupe Swatch se sont rassemblées le 14 juin pour exiger la transparence sur les salaires, mais aussi une «gestion humaine de l’entreprise»

Elles sont courageuses ces horlogères chaux-de-fonnières du groupe Swatch. Le 14 juin, à la pause de midi, près de 150 d’entre elles sont sorties des sociétés Universo, Rubattel & Weyermann et Comadur pour rejoindre une manifestation organisée par Unia. «C’est une action que nous préparons depuis plusieurs mois, mais Swatch l’a considérée comme hostile et nous a interdit l’accès à son périmètre. Un responsable est même intervenu pour empêcher le rassemblement sur le parking en face des manufactures», indique la secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel, Silvia Locatelli. Heureusement, le restaurant La Spirale a aimablement ouvert sa terrasse et son jardin.

Les horlogères arrivent par petits groupes, accueillies par les hourras de Silvia Locatelli. Celles qui ne portent pas le T-shirt rose d’Unia sont invitées à l’enfiler ou à prendre un châle du syndicat. On sent qu’elles ne sont pas là par hasard. «J’ai le salaire le plus bas de l’équipe alors que je suis là depuis vingt ans, c’est le chef qui me l’a avoué», confie une participante. Une poignée d’hommes sont également présents. «Je travaille dans un atelier avec 23 femmes. Sans leurs petites mains, l’horlogerie n’existerait pas. L’égalité devrait être automatique, nous ne devrions pas être obligés de nous réunir pour cela», explique l’un d’eux.

Solenn Ochsner empoigne le micro. «Nous sommes encore loin du compte. Nous avons toujours en moyenne des différences de salaires se montant à 18% et, dans l’horlogerie, c’est même à 24,8%», rappelle la secrétaire syndicale. «Je suis amenée à travailler sur plusieurs postes au quotidien. L’argument selon lequel les hommes font des tâches plus compliquées que nous ne tient pas. Et combien de postes de cadres occupés par les femmes? On les compte sur les doigts d’une main, nous sommes toutes des ouvrières. Migrantes, frontalières ou résidentes, nous sommes toutes concernées», souligne Suzanne Zaslawski, opératrice polyvalente.

Un groupe de travail d’une trentaine d’horlogères chaux-de-fonnières de Swatch a élaboré un cahier de revendications qui demande justement que les résultats de l’analyse sur l’égalité salariale soient présentés de manière transparente au personnel. Ces huit revendications ont été lues au mégaphone à tour de rôle par des employées postées sur le trottoir face aux trois entreprises. Elles concernent l’égalité salariale, mais aussi le temps de travail, les pressions ou encore le problème des absences. «La maladie ne constitue pas un crime, ce n’est pas un problème de comportement, toute forme d’intimidation doit être proscrite.» Autre requête, celle de pouvoir utiliser les jours de rattrapage pour passer des ponts en famille. Le cahier évoque aussi le «mur» devant lequel se retrouve le personnel et le manque de concertation. «Nous avons peur de nous exprimer librement. Nous voulons une gestion humaine de l’entreprise avec des objectifs raisonnables.» Le cahier de revendications a été remis à la direction d’Universo.

Soulignons que des négociations sont actuellement en cours pour renouveler la Convention collective de travail de la branche et qu’Unia revendique un meilleur contrôle de l’égalité salariale, une augmentation des congés maternité et paternité, l’accès facilité au temps partiel et la réduction du temps de travail hebdomadaire de 40 à 36 heures sans diminution de salaire.

Bras croisés à l’Hôpital de La Chaux-de-Fonds

Rassemblement devant l'hôpital.

 

A l’appel d’Unia et du Syndicat des services publics, près de cinquante soignantes de l’Hôpital de La Chaux-de-Fonds se sont retrouvées devant l’établissement pour croiser les bras à 15h24, heure symbolique à partir de laquelle les femmes travaillent gratuitement en comparaison de leurs collègues masculins. En brandissant de grandes lettres «I», «P» et «C», pour Indice des Prix à la Consommation, les membres du personnel soignant en ont profité pour rappeler que leurs salaires n’ont été indexés que de 1%, loin des 2% accordés aux fonctionnaires neuchâtelois.

Photo Thierry Porchet


Plus de 6000 femmes mobilisées à Neuchâtel

Manifestation à Neuchâtel.

 

Les militantes d’Unia Neuchâtel ont marqué le 14 juin par des actions aux quatre coins de leur canton. Dans la métropole horlogère, outre le rassemblement des ouvrières d’Universo, Rubattel & Weyermann et Comadur, dix militantes se sont mobilisées chez ETA en portant le T-shirt de la grève et en croisant les bras à 15h24. A la même heure, à l’Hôpital, 50 soignantes ont aussi cessé brièvement leur travail pour protester. A Fleurier, c’est une centaine de travailleuses des industries du Val-de-Travers qui ont participé à un pique-nique ponctué d’animations et de prises de parole. Tandis qu’à Neuchâtel, une cinquantaine d’employées de l’hôtellerie-restauration ont présenté leurs revendications au menu du «Bistrot de l’égalité». C’est dans le chef-lieu du canton qu’une manifestation rassemblant 6000 à 6200 personnes, selon le décompte des organisatrices, a clôturé la journée.

Photo Thierry Porchet

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