Les partenaires sociaux de l’industrie des machines sont parvenus à s’entendre sur le contenu d’une nouvelle convention collective
Les négociations pour le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (industrie MEM) sont arrivées à leur terme. Les représentants de Swissmem, la faîtière patronale, les syndicats Unia et Syna, ainsi que les associations de salariés Employés Suisse, la Société suisse des employés de commerce et l’Association suisse des cadres sont parvenus à un accord. Sous réserve de l’approbation par les organes compétents des partenaires, la nouvelle convention entrera en vigueur au 1er juillet pour une durée de cinq ans. Cette CCT est l’une des plus importantes de Suisse, après celles concernant la location de services et l’hôtellerie-restauration, elle couvre plus de 100000 travailleurs de 500 entreprises.
Situation de blocage
«Les négociations ont été extraordinairement difficiles. Trois jours avant la fin, on était encore dans une situation de blocage!» révèle Mike Nista, président de la délégation d’Unia et collaborateur de Bosch-Sapal à Ecublens. «Swissmem tenait mordicus à augmenter le temps de travail de 40 à 42 heures par semaine et, tant qu’on ne l’acceptait pas, n’entrait pas en matière sur nos revendications. Mais, contrairement à ce qui s’est passé il y a cinq ans, les employeurs se sont retrouvés face à des partenaires d’accord entre eux. Unia a en effet mené un gros travail en dehors des négociations avec les autres délégations d’employés. Et, tout à coup, ça s’est débloqué», explique le Vaudois.
Politique salariale dynamisée
«Nous avons réussi à éviter toutes les détériorations réclamées par les employeurs, à commencer par la prolongation du temps de travail, qui nous aurait fait revenir à la situation qui prévalait avant 1988, tout en obtenant des améliorations essentielles», indique Manuel Wyss, responsable de la branche industrie MEM d’Unia. Première avancée, les salaires minimums seront désormais adaptés automatiquement, chaque année, au renchérissement. «D’après le Secrétariat à l’économie, que j’ai contacté, on peut tabler sur un taux annuel de 1% sur les cinq prochaines années. Cela va dynamiser ces salaires, mais aussi l’ensemble de la politique salariale», explique le responsable syndical. En plus du renchérissement, les salaires de la région C définie par la CCT, soit l’Arc jurassien et le Tessin, augmenteront de 30 francs par an. «On peut estimer que dans cinq ans environ, cette région ne connaîtra plus de salaire en-dessous de 4000 francs.» Notons que, dans la CCT de l’industrie MEM, les salaires sont versés treize fois par an. A l’avenir, des sociétés de révision contrôleront que ces salaires minimaux soient effectivement payés.
Des premières
Deuxième point important du nouveau contrat, la promotion de l’égalité et la possibilité de mieux concilier travail et vie familiale. Il deviendra en particulier possible d’aménager sur plusieurs jours une activité à temps partiel.
Egalement régulièrement discriminés, les travailleurs âgés n’ont pas été oubliés. Le délai de congé des plus de 55 ans a été prolongé d’un mois et tout licenciement dès cet âge-là devra faire l’objet d’un examen individuel, d’une consultation et d’une recherche d’alternatives. «C’est une première. Nous pourrons agir contre les entreprises qui ne respectent pas cette procédure et donc la CCT.»
Les membres des commissions du personnel seront aussi mieux protégés des licenciements dans le cadre de l’activation de l’article de crise. Cette disposition permet aux employeurs d’augmenter la durée du temps de travail moyennant l’approbation des travailleurs. La durée d’application de cette dérogation a, par ailleurs, été ramenée de 30 à 24 mois.
Enfin, les partenaires sociaux se sont entendus pour jeter les bases d’une «Passerelle MEM 4.0», qui reprend les idées formulées dans la «Passerelle 4.0» d’Unia et dans l’«Initiative de reconversion professionnelle» de Swissmem. «Il s’agit de l’un des tout premiers instruments concrets en Suisse pour affronter les défis de la numérisation, qui offrira un grand soutien aux collègues de la branche et dont le modèle pourrait même révolutionner le système de formation continue», se réjouit Manuel Wyss.
Aux délégués de décider
«Il y a un point où je reste sur ma faim, mais ça ne concerne que ma région», confie Mike Nista. «Le canton de Vaud conservera trois régions différentes de salaire, ça me fait mal en tant que Vaudois, j’aurais au moins voulu en supprimer une, or je n’ai pas réussi à faire passer cette requête. Mais sur le plan national, le résultat est satisfaisant», juge le président d’Unia Vaud.
«Dans de telles négociations, il y a toujours des demandes qui n’aboutissent pas. Mais nous avons toutefois pu obtenir quelque chose sur pratiquement toutes nos revendications principales, souligne Manuel Wyss. Au final, ce sont les délégués de la branche qui décideront démocratiquement si nous acceptons ou non le résultat de ces négociations lors de la conférence du 26 juin. Si la CCT est approuvée, nous aurons un gros travail dans les prochains mois à construire cette Passerelle MEM 4.0.»