Découvrir le travail de Virginie Monti sur: virginie-monti.ch
Illustratrice indépendante et professeure de cours d’arts visuels, Virginie Monti consacre l’essentiel de son temps à son amour du dessin et de la transmission
Pour s’évader du réel qui l’ennuie rapidement, Virginie Monti saisit ses pinceaux et ses crayons magiques. Et redessine la vie dans une version tendre et poétique. Facétieux, drôles, empreints de douceur, ses délicats personnages et animaux trahissent une nature rêveuse et fantaisiste. Un hérisson étend la lessive, une fillette a accroché sa balançoire à la lune, un jeune matelot navigue à bord d’un parapluie renversé, une baleine vole dans l’azur... les illustrations de Virginie Monti titillent l’imaginaire et réveillent notre âme d’enfant. Ce mode d’expression, la Vaudoise de 33 ans l’explore depuis son plus jeune âge ou presque. Il lui sert, à l’adolescence, de refuge. «J’étais alors assez marginale. Les dessins me définissaient», raconte la créative, qui partagera néanmoins ce loisir avec un cercle d’amis. A l’heure de devoir choisir une voie professionnelle, Virginie Monti se tourne naturellement vers sa passion et mise sur des études artistiques. Mais ses parents, inquiets pour son avenir, la poussent d’abord à effectuer un CFC de commerce. Diplôme en poche, elle fréquente ensuite, trois ans durant, l’école d’arts visuels Ceruleum à Lausanne, décroche un bachelor et perfectionne encore un an son anglais. Là voilà outillée pour se lancer dans la vie active. Avec, en ligne de mire, gagner son indépendance.
Une semaine plus que remplie
En 2017, après une pause sabbatique pour organiser le futur, Virginie Monti ouvre un atelier de cours de dessins à Eclépens pour enfants et adultes. Parallèlement, elle enseigne à Aubonn’Art et effectue différents mandats pours des associations et des entreprises. Enfin, elle est aussi employée dans une fiduciaire dans la capitale vaudoise, histoire de mettre du beurre dans les épinards. «Je travaille six jours et demi par semaine. Mais c’est du plaisir. Dessiner c’est respirer», affirme la trentenaire, qui confie s’épanouir dans le partage de ses connaissances, soulignant la créativité et la vivacité d’esprit de ses élèves. Et ce même si la pandémie de coronavirus a compliqué la tâche. «Je passe aujourd’hui aussi beaucoup de temps à assurer la sécurité sanitaire. A m’occuper du ménage, désinfectant tout le matériel et les surfaces utilisées, et à faire la police pour que les enfants respectent les distances.» Pas de quoi la décourager pour autant. «Voir progresser les participants est une joie», affirme la professeure, qui les initie à toute une palette de techniques: fusain, peinture acrylique, encre de Chine, collage, etc. Mais privilégie pour ses illustrations l’aquarelle et les crayons.
Les serpents, son cauchemar
«C’est un peu ma marque de fabrique.» Tout comme la présence de nombre d’animaux sur ses planches. «Je les adore. Mes deux vieux chats mais aussi les marmottes, les lapins, etc., m’inspirent beaucoup. Je les mets souvent en scène. Mon animal préféré reste néanmoins l’ornithorynque, tellement étonnant. Un mammifère qui pond des œufs et produit du venin», sourit l’indépendante, la mine rêveuse derrière ses larges lunettes rondes cerclant ses yeux verts. Mais en revanche, pas question de dessiner des serpents. Virginie Monti en a une peur viscérale qu’elle peine à expliquer. «Leur aspect lisse, l’absence de pattes, tout...» décrit-elle avec une moue de dégoût, avant de changer rapidement de sujet comme pour effacer l’image surgie dans son esprit. On trouvera aussi souvent dans ses réalisations des personnages féminins qui lui ressemblent et, dans leurs vêtements, une touche de violet. Une couleur qu’elle apprécie particulièrement – elle a d’ailleurs opté pour une voiture de cette teinte, «ainsi facilement reconnaissable». Aujourd’hui, l’illustratrice rêve de trouver une maison d’édition prête à publier ses nombreuses histoires pour enfants qui sommeillent dans ses tiroirs. Comme celle de cet homme qui vit dans un monde gris et découvre, enchanté, toutes les nuances de la forêt... «Ce rêve va aboutir. J’en suis sûre.»
Sans frontières
Plus encline à voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide, Virginie Monti ne se définit pas pour autant comme une personne optimiste. Tout en retenue, la délicate et sensible jeune femme, en couple depuis de nombreuses années, exprime ses émotions à travers ses illustrations. Alors que des toiles non figuratives, qu’elle ne montrera pas, lui permettent d’évacuer les sentiments plus sombres. Pour se ressourcer, la créative mise sur le soleil et la chaleur ainsi que sur ses lectures, oscillant entre littérature sentimentale et aventures valorisant des protagonistes féminines. Des «femmes fortes... Des modèles à suivre», commente cette féministe, que rien n’irrite plus que l’injustice. Et alors qu’elle cite, au rang de ses atouts, sa capacité de résilience, acquise à l’idée que, «quand on touche le fond, on ne peut que remonter». «Bon. Pas trop souvent quand même. Mais les épreuves renforcent le caractère et les opinions. On peut en tirer une force», affirme, posée, celle qui n’en aspire pas moins à une vie paisible, sans stress ni souci, aux côtés des personnes qu’elle aime. «La tranquillité d’esprit n’a pas de prix.» Une recette simple du bonheur qui n’empêche pas Virginie Monti de vouer une passion pour les voyages. Et les bords de mer où elle vivrait volontiers. L’Inde, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, les pays du Nord... Autant de destinations qui ont enchanté l’illustratrice précisant encore avoir visité plusieurs fois le Japon qui la fascine. «Tellement dépaysant ce mélange de haute technologie et de culture ancestrale. Ces temples et ces mégapoles...» Evidemment, crise sanitaire oblige, aucune virée en perspective actuellement à l’agenda de la bourlingueuse. Mais qu’à cela ne tienne. Virginie Monti s’évade dans les mondes merveilleux qu’elle crée. Et son imaginaire débridé ne connaît pas de frontières...