Ecarts indécents dans le 2e pilier
Au lendemain d’un 1er Mai emmené par les femmes et exigeant plus de moyens pour vivre, plus de salaire et plus de rentes pour toutes et tous, l’Office fédéral de la statistique (OFS) publiait son rapport sur les nouvelles rentes et prestations du 2e pilier. Un 2e pilier qui s’avère être une gigantesque source de discriminations pour les femmes. A l’heure où la lutte pour l’égalité salariale est sur toutes les lèvres, lutte à l’origine de l’appel à la Grève des femmes du 14 juin, le rapport de l’OFS atteste une fois encore du mépris avec lequel sont considérées les travailleuses.
A l’âge de la retraite, la rente médiane du 2e pilier des femmes est 47% inférieure celle des hommes, soit presque la moitié! Elle s’élève à 1221 francs contre 2301 francs pour une rente masculine. La différence pour les retraités retirant leur capital de leur caisse de pension est encore plus grande. Là, le montant médian perçu par les femmes est 58,4% plus bas que celui des hommes: 56600 francs contre 136000 francs. A titre de comparaison, l’OFS relève que les rentes du 1er pilier, les rentes AVS, sont «relativement homogènes par rapport au sexe et à l’âge». Elles sont en effet bien moins inégalitaires, le système de l’AVS reposant sur la solidarité. Mais calcul fait, il reste néanmoins une différence de presque 10% entre les rentes AVS des femmes, dont la rente médiane s’élève à 1754 francs, et celles des hommes se montant à 1936 francs.
L’origine de ces discriminations réside en partie dans l’inégalité salariale de près de 20% qui persiste dans notre pays. Mais pour le second pilier, c’est le système même de prévoyance professionnelle qui génère ces énormes écarts de rente. Les cotisations n’étant versées que sur la part du salaire dépassant un certain montant, de très nombreuses femmes travaillant à temps partiel ou avec des revenus très bas échappent tout ou en partie au 2e pilier. Selon l’OFS, 58% des femmes travaillaient à temps partiel en 2018, contre 14% des hommes. Et pour les mères, dont 76% sont professionnellement actives, le taux du temps partiel augmente à 80%.
Autre constat de l’OFS, les personnes ayant un revenu élevé peuvent se permettre de partir avant l’âge légal de la retraite. Les hommes prenant cette retraite plus tôt disposent d’une rente du 2e pilier de 3009 francs alors que ceux travaillant jusqu’à 65 ans touchent 1809 francs. Pour les femmes, la rente est de 1468 francs pour un départ anticipé et de 1009 francs pour un départ à 64 ans.
Ces discriminations au cœur même de nos assurances sociales sont intolérables. A nouveau, les femmes en paient le prix fort. Et ce sont elles qui sont le plus largement frappées par la pauvreté une fois la retraite arrivée. Il faut que cela change! Et ce n’est pas en relevant l’âge de la retraite de ces dernières, comme le propose à nouveau le Conseil fédéral dans le projet AVS 21 qu’il compte présenter en août, que ces inégalités seront réduites. Ni en repoussant l’âge de départ à la retraite de tous comme le suggère le patron d’Employés Suisse…