Extinction Rebellion soutenu par le directeur de l’OMS
Plus de 200 médecins ont manifesté et remis un Appel sur l’urgence climatique au directeur général de l’Organisation mondiale de la santé à Genève
Plus d’un millier de professionnels de la santé ont signé un Appel international pour le climat. Il a été remis au directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en main propre le samedi 29 mai, en marge de la 74e Assemblée mondiale de la santé à Genève. Quelque 200 manifestants s’étaient rendus sur place à cette occasion. Le texte demande que «les autorités sanitaires de chaque pays déclarent publiquement que le changement climatique met les gens en danger de mort» et «agissent maintenant pour préserver la vie». Car le changement climatique et la perte de la biodiversité est «le problème numéro un de santé publique». Rappelons que la pollution tue des millions de personnes par année. Pour les Doctors for XR, branche des professionnelles et des professionnels de la santé d'Extinction Rebellion (XR), les autorités sanitaires ont «la responsabilité d’obliger les gouvernements à respecter, au minimum, les accords de Paris».
L’infectiologue Valérie D’Acremont a lu l’Appel devant l’OMS. A ses côtés, le Dr Tedros a promis de le relayer auprès des Etats membres présents à l’Assemblée mondiale de la santé. Dans son discours, il a souligné: «La pandémie a montré au monde entier ce que signifie être confronté à une menace mondiale. Elle nous a également montré ce qui se passe lorsque nous ne sommes pas suffisamment préparés et que nous ne coopérons pas les uns avec les autres. Les risques posés par le changement climatique pourraient éclipser ceux d’une seule maladie. La pandémie prendra fin, mais il n’existe pas de vaccin contre le changement climatique. Nous devons agir maintenant, de manière solidaire, pour prévenir et nous préparer, avant qu’il ne soit trop tard.» Lors de la clôture de l'Assemblée, deux jours plus tard, il a effectivement tenu promesse et passé le message à tous les ministres. Retour sur un moment historique pour XR avec l’activiste et médecin vaudoise, Sonja Hediger.
Quel est le message essentiel de cette action?
Cet accueil et cette validation de notre message par le directeur de l’OMS est la plus grande reconnaissance d'XR au niveau international depuis le début du mouvement en 2018. C’est le signe que nous ne sommes pas des extrémistes comme certains le prétendent et que nous disons juste la vérité. Le Dr Tedros nous a indiqué qu’il était l’un des nôtres. Nous attendons maintenant que les ministres de la Santé, dont notre conseiller fédéral Alain Berset, agissent. Nous espérons que l’OMS continue à faire pression, car la crise climatique est la première menace sur la santé des populations.
Quelles sont les mesures à prendre concrètement?
Il s’agit d’axer les politiques de santé sur la prévention avant tout en promouvant un environnement, une eau et une alimentation sains. La majorité des personnes mortes du Covid-19 avaient déjà une mauvaise santé liée à la malbouffe, à la pollution, au manque de mobilité active… C’est pourquoi les votations du 13 juin sont très importantes. L’impact des pesticides ne peut être calculé en fonction de taux limites définis pour chaque produit. C’est le mélange qui est explosif. Si les Médecins en faveur de l’environnement, une des branches de la Fédération des médecins suisses (FMH), s’engagent pour les deux initiatives pour une Suisse sans pesticides et une eau potable, ainsi que pour la Loi sur le CO2, il est décevant que la FMH ne se positionne pas. Preuve que la majorité des médecins restent très conservateurs, veulent préserver leur confort et ne pas remettre en question leur mode de vie. L’implication de Richard Horton, rédacteur en chef de la revue prestigieuse The Lancet, présent durant notre mobilisation par vidéoconférence est, en ce sens, très importante vis-à-vis de la communauté médicale. Celui-ci a rappelé que «l’urgence climatique est une urgence de santé publique de portée internationale plus importante que le Covid-19».
Qui a signé l’Appel?
Dans la liste de signataires, il y a notamment des directeurs d’hôpitaux suisses, des médecins chefs et beaucoup de professeurs, surtout des pays occidentaux. Autant de légitimation pour Doctors for XR. Bien d’autres médecins ont un devoir d’engagement, car ils sont écoutés. Si la pandémie a freiné le mouvement, la mobilisation reprend et nous avons besoin de forces nouvelles. D’autres actions sont déjà prévues…