Genève: goudronner en plein cagnard, inadmissible!
A situation dangereuse, mesure exceptionnelle. Mercredi dernier, Unia a bloqué un chantier genevois au Petit-Saconnex. Motif: des ouvriers s’apprêtaient à poser un enrobé sous un soleil de plomb. Une situation particulièrement risquée pour leur santé. «Nous faisions une tournée des chantiers afin de sensibiliser patrons et travailleurs à l’impact de la canicule quand nous sommes tombés sur ces goudronneurs. Ce type de travail augmente considérablement la température, pouvant alors grimper jusqu’à 50 degrés. Nous les avons sommés d’arrêter», explique José Sebastiao, secrétaire syndical. L’entreprise Perrin Frères SA en charge des travaux refuse, arguant qu’elle doit tenir les délais d’exécution, sous pression du maître d’ouvrage qui n’est autre... que la Ville de Genève. Mauvaise réponse pour le syndicat qui, à l’aide de son véhicule, barre alors la route au camion transportant le goudron. Et contacte la Municipalité. Cette dernière le réoriente vers l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT). Envoyé sur le site problématique, un de ses médecins donne alors raison à Unia et ordonne la cessation de l’activité. «Que de telles pratiques se développent sur des chantiers publics, qu’on fasse passer les délais et les bénéfices avant la santé des ouvriers, c’est scandaleux», s’énerve José Sebastiao, notant encore au passage que l’entreprise – qui avait distribué de l’eau à ses collaborateurs – aurait aussi dû clairement prendre ses responsabilités et aménager le temps de travail. En clair, renoncer à la pose de bitume après 10 h du matin sous ces chaleurs tropicales.
A noter que le secteur de la construction genevois ne dispose pas, comme dans le canton de Vaud, d’un Fonds «intempéries». «La Convention collective de travail (CCT) cantonale arrive à échéance en fin d’année. Nous espérons pouvoir négocier l’introduction d’un tel fonds. Il est primordial que les partenaires sociaux parviennent à un accord sur des mesures contraignantes globales protégeant la santé des travailleurs et qu’ils les inscrivent dans la Convention.»