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Glencore ou l’art de se défiler

manifestation glencore perou
© Víctor Mallqui / CNV Internationaal

Les travailleurs de la mine à Andaychagua ont fait grève pendant deux mois pour dénoncer le refus de Volcan de négocier.

 

Juste après avoir accepté une médiation autour d’un conflit avec un syndicat de mineurs au Pérou, Glencore a annoncé la vente de ses parts à une autre filiale.

Il y a un an, nous relations la lutte de travailleurs péruviens contre Volcan Compañia Minera, une filiale de Glencore qui refusait de reconnaître les nouveaux statuts du syndicat des mineurs d’Andaychagua. Rappelons les faits.

Andaychagua est une mine d’argent et de zinc qui emploie environ 400 salariés fixes et plus de 1100 autres travailleurs engagés via des sous-traitants avec un statut de temporaires. Il y a quelques années, le Solifonds (fonds de solidarité pour les luttes de libération sociale) mettait en lumière des conditions de travail encore plus éprouvantes et dangereuses pour les temporaires. L’assemblée du syndicat des mineurs décide fin 2020 de modifier ses statuts afin que les intérimaires puissent en devenir membres. Cette modification ne plaît pas à Volcan Compañia Minera qui tente de la faire invalider par recours, en vain. Cette dernière engage alors des représailles et refuse de négocier avec le syndicat. Elle va encore plus loin en réduisant les prestations prévues par la Convention collective de travail. C’en est trop pour les travailleurs qui entrent en grève fin 2021. Après deux mois de mobilisation, le mouvement est suspendu par les autorités qui ordonnent l’ouverture de négociations. Les grévistes reprennent alors le travail, mais Volcan n’a jamais voulu négocier. 

Médiation tombée à l’eau

C’est dans ce contexte que le syndicat des mineurs a déposé une plainte contre Volcan à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et que l’Union syndicale suisse (USS) et le Solifonds, notamment, ont déposé une requête auprès du Point de contact national (PCN) contre la maison mère de Glencore à Zoug. L’objectif? Que le géant suisse des matières premières assume ses responsabilités et fasse respecter les droits humains et syndicaux.

La requête a finalement été validée par le PCN en février 2024, informe le Solifonds, qui a proposé une médiation. Le syndicat au Pérou a tout de suite accepté, quant à Glencore, il n’a consenti à l’offre que fin avril. «Quelques jours plus tard seulement, le 6 mai, Glencore a annoncé au PCN Suisse qu’il avait vendu ses parts dans la Volcan Mining Company à Transition Metals AG, une filiale du géant argentin de la finance et de l'investissement Integra Capital», relate Yvonne Zimmermann, coordinatrice au Solifonds. Une nouvelle qui change la donne puisque la vente rend l’offre de médiation du PCN caduque… Toute la responsabilité de la garantie du devoir de diligence est transférée de Glencore à Transition Metals AG. Et donc pour le PCN Suisse, qui a publié sa déclaration finale fin août, Glencore ne peut plus être tenu pour responsable du manque de diligence dans la période précédant la vente, car l'objectif de toute médiation du PCN est de trouver des solutions orientées vers l’avenir.

«Le cas de Volcan est un exemple de la manière dont les multinationales se soustraient à leur responsabilité de garantir les droits humains et au devoir de diligence dans leurs opérations, commente Yvonne Zimmermann. Ce cas montre très bien que nous avons besoin d'une législation contraignante et d'instruments de responsabilisation qui obligent les grandes entreprises à adopter un comportement commercial responsable.» 

Glencore, entre autres, menace la démocratie

Dans le cadre de sa campagne «Pour la démocratie», la Confédération syndicale internationale (CSI) mène actuellement un projet baptisé «Ces entreprises qui menacent la démocratie». Le but? Identifier les multinationales qui, s’appuyant sur leur pouvoir, nuisent à la démocratie non seulement dans leurs murs mais aussi dans les institutions et la société en général. On retrouve en tête du classement Amazon, puis le fonds d’investissement Blackstone, la société pétrolière et gazière ExxonMobil et, à la quatrième place, Glencore. Meta et Tesla suivent.

«Ces entreprises ont soutenu ou financé des forces politiques d’extrême droite et autoritaires, et elles font l’objet de plaintes et de campagnes actives de la part de syndicats et de mouvements sociaux à travers le monde», souligne la CSI, dans une communication du 23 septembre. 

Et ce n’est que le début du processus. «Bien que ces entreprises figurent parmi les plus dangereuses pour la démocratie, elles sont loin d’être les seules, poursuit la CSI. Qu’il s’agisse d’entreprises publiques en Chine, en Russie ou en Arabie saoudite, de sous-traitants militaires du secteur privé ou de start-up technologiques qui enfreignent la réglementation, la CSI et ses partenaires continueront d’identifier et de traquer les entreprises qui menacent la démocratie, et de dénoncer leurs liens avec l’extrême droite.» 

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