Grève générale historique en Inde
A l'appel de dix centrales syndicales et de fédérations indépendantes, 200 millions de travailleurs ont débrayé pendant deux jours
Quelque 200 millions de travailleurs sont descendus dans la rue les 8 et 9 janvier derniers en Inde lors d'une grève générale nationale de deux jours organisée par dix centrales syndicales et des fédérations indépendantes. Cette mobilisation est considérée «comme la plus grande action de grève de l'histoire du pays», souligne Industriall Global Union, fédération mondiale de l'industrie et du textile, dans un communiqué.
Des travailleurs de tous les secteurs ont pris part au mouvement, alors que se profilent les élections législatives qui se dérouleront en avril-mai. «Agriculture, enseignement, ports, banques, électricité et transports ainsi que des travailleurs informels comme les vendeurs ambulants et les chauffeurs de taxi»ont fait grève, informe pour sa part la Confédération syndicale internationale (CSI). Une mobilisation destinée à contrer de nouvelles attaques contre les conditions de travail, ces dernières s'étant gravement dégradées.
«Les travailleurs en ont assez. Ils en ont assez d’être marginalisés, assez des bas salaires et assez des promesses trahies en matière de création d’emplois qui mettent le développement économique de l’Inde en danger»,a relevé Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, alors qu'elle apportait, dans l'une des très nombreuses manifestations ayant émaillé le pays, le soutien du mouvement syndical international aux travailleurs en grève. Selon la CSI, «les syndicats dénoncent les initiatives visant à introduire de nouveaux obstacles à la négociation collective, à privatiser la sécurité sociale et à permettre aux employeurs de procéder plus facilement à des licenciements massifs des travailleurs.»
Sharan Burrow a souligné que «plus de 90% des travailleurs évoluent encore dans le gigantesque secteur informel de l’Inde. Nombre de ces travailleurs adhèrent aux syndicats afin de faire reconnaître leurs droits et d’améliorer leur situation».Or les mesures prises par le gouvernement depuis 2014, conduisant à une érosion des normes du travail, «ont créé de nouveaux obstacles à la formalisation et fragilisé les droits des travailleurs du secteur formel».
La principale revendication des syndicats est l'ouverture d'une véritable concertation sur la réforme de la législation du travail, indique Industriall. Ils demandent également la ratification des conventions 87 et 98 de l'OIT sur les libertés syndicales, et l'arrêt des modifications législatives favorables aux employeurs. Autres exigences: uneprotection sociale universelle, un salaire minimum d'au moins 15000 roupies (213 francs) par mois (le salaire moyen actuel est de 7000 roupies dans le secteur formel et d'environ 4500 roupies dans l'informel), une retraite d'au moins 3000 roupies (43 francs) par mois, la fin des désinvestissements et de la vente d'entreprises publiques, l'arrêt de la précarisation des emplois permanents. La lutte contre le chômage figure encore parmi les revendications.