Des milliers de personnes sont descendues dans la rue, notamment à Lausanne, Neuchâtel, Fribourg et Genève, pour dénoncer les actes violents à l’égard des femmes et les féminicides
En Suisse comme dans le monde entier, des milliers de personnes ont manifesté à l’occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, célébrée chaque 25 novembre. Les actions ont démarré dans certaines villes le samedi déjà. A Paris par exemple, plus de 50000 personnes se sont rassemblées pour dire stop aux féminicides. En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. En Suisse, les chiffres sont aussi affolants, relativement à la population. Selon l’Office fédéral de la statistique, une personne meurt chaque quinze jours en raison de la violence domestique. Et chaque semaine, il y a une tentative d’homicide. Des victimes qui, dans la grande majorité des cas, sont des femmes.
En Suisse romande, plus de 2000 personnes, de tous âges et de tous genres, ont défilé le samedi 23 novembre à Lausanne pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles. Le slogan «Solidarité avec les femmes du monde entier» faisait écho aux militantes brandissant des pancartes pour les femmes du Rojava et du Chili, aux premières lignes des violences. La manifestation s’est terminée par un vibrant hymne féministe: «Debout, debout, debout!» A Neuchâtel, les rues ont aussi résonné le samedi soir de la colère de quelque 300 personnes appelant notamment à «briser le silence, pas les femmes». Des actions ont encore eu lieu durant le week-end à Vevey et en Valais.
A Fribourg, le collectif de la grève féministe s’est mobilisé le 25 novembre au soir, à la lueur des lumignons et des lanternes, avec plusieurs organisations engagées contre les violences faites aux femmes, le harcèlement sexuel ou encore les inégalités. Après les prises de parole sur la place Georgette-Python, rebaptisée une nouvelle fois pour l’occasion, plus de 800 personnes ont manifesté dans les rues de la ville. A Genève, ce sont plus de 300 femmes, et quelques hommes, qui se sont aussi réunies en fin de journée le lundi autour de symboliques chaussures rouges et de bougies, posées rue de la Monnaie. Plusieurs femmes se sont exprimées, porteuses de la voix de toutes les victimes qui gardent le silence face à une violence systémique.
Modifier le Code pénal
Jeudi passé, Amnesty international entrait en jeu en déposant auprès de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter et du Département de justice et police, une pétition signée par 37000 personnes et 37 organisations. Face à l’ampleur des violences sexuelles en Suisse, la pétition exige une réforme du droit pénal, reconnaissant que tout rapport non consenti est un viol. Trop souvent, les rares personnes osant porter plainte pour des actes de violence sexuelle ne sont pas entendues par la justice, la définition du viol et de la contrainte étant obsolète et non conforme aux normes internationales et à la Convention d’Istanbul qui mettent au centre la question du consentement mutuel. Selon une enquête de gfs.bern, réalisée à la demande d’Amnesty et publiée en mai dernier, 22% des femmes en Suisse ont déjà subi des actes sexuels non consentis, 12% ont eu un rapport sexuel contre leur gré et seules 8% ont porté plainte. Les pétitionnaires réclament également une formation obligatoire et continue des juges, de la police et des avocats ainsi qu’une collecte systématique des données.