Hausse des salaires, pas de l’âge de la retraite!
«Ce sont les salaires et les rentes des femmes qu’il faut augmenter, pas l’âge de la retraite!» Ce mot d’ordre syndical a été repris hier, 14 juin 2022, par des milliers de femmes qui manifestaient à nouveau leur colère dans plus de 30 localités du pays. Aux revendications spécifiques des collectifs féministes, comme la lutte contre la violence faite aux femmes, le harcèlement sexuel ou les discriminations de genre, s’est ajoutée celle de la défense des retraites. Cette nouvelle journée de mobilisation féminine avait placé en son cœur le combat contre la réforme AVS 21. Dans trois mois, le 25 septembre, la réforme sera soumise au vote.
Dans la ligne de tous les projets de démantèlement de notre assurance vieillesse, sociale et solidaire, AVS 21 compte faire passer l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Une hérésie lorsque l’on sait que l’écart entre le salaire des hommes et celui des femmes est toujours de l’ordre de 20%. Et cela 26 ans après l’entrée en vigueur de la Loi sur l’égalité qui interdit clairement cette discrimination salariale. Une hérésie encore lorsque l’on connaît la somme de travail non rémunéré fournie par les femmes pour s’occuper de la famille, des proches.
Une année de travail en plus, pour toucher la même rente, quand on est épuisée après une vie de labeur, c’est aussi une injure faite aux femmes. D’autant qu’en raison de temps partiels, d’interruptions de la vie professionnelle lors de la venue d’un enfant ou d’occupations d’emplois à bas salaires, les femmes sont fortement pénalisées dans le 2e pilier. Ce qui provoque des inégalités plus grandes encore entre hommes et femmes au moment de la retraite. Ainsi, les femmes touchent en moyenne une rente un tiers moins élevée que celle des hommes. 38% des femmes n’ont que l’AVS pour vivre. L’écart des rentes entre hommes et femmes est de 54% dans le 2e pilier! Et 10% des femmes retraitées n’arrivent pas à vivre avec leur maigre rente et doivent faire appel aux prestations complémentaires.
Un quart de siècle après l’entrée en vigueur de la Loi sur l’égalité, il est plus que temps de l’appliquer. Plutôt que de faire payer aux femmes un hypothétique déficit de l’AVS, le Conseil fédéral ferait mieux d’obliger, et de sanctionner, tous les employeurs ne respectant pas le principe d’égalité salariale, gravé aussi dans la Constitution helvétique depuis plus de 40 ans… Une hausse des rémunérations des femmes au niveau de celles des hommes permettrait non seulement un apport considérable au financement de l’AVS, mais également une augmentation du pouvoir d’achat, cruciale à l’heure où l’inflation prend de la hauteur et où une flambée des primes maladie est annoncée.
Or le gouvernement n’a d’oreilles que pour les intérêts de l’économie et du patronat. Lorsqu’il le souhaite, des milliards sont dénichés pour les aider à surmonter les crises, comme l’a montré la récente pandémie. Pendant que l’immense majorité de la population, et les femmes en particulier, en paient encore les conséquences. Il est temps de stopper cette politique. Un premier coup d’arrêt peut être donné le 25 septembre, en faisant échouer AVS 21 lors de la votation. Pour que le Non l’emporte, la mobilisation débutée hier, dans la rue, les entreprises et les cités, devra se poursuivre!