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Surcharge de travail, burn-out, perte de sens, salaires à la traîne, plannings et horaires en dents de scie, contraintes administratives chronophages... Autant de facteurs expliquant l’interminable hémorragie du personnel de la santé: chaque mois, quelque 300 professionnels du secteur posent leur blouse blanche, selon l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI). Conséquence: plus de 13200 postes dans les soins sont actuellement à repourvoir. Soit près de 1000 de plus qu’à la fin de 2021. Une pénurie d’effectifs chronique qui continue de s’aggraver pour un mal pourtant clairement identifié. Tout comme les remèdes susceptibles de l’enrayer. Les traitements tant attendus se heurtent cependant toujours à une inertie irresponsable. A un manque de volonté politique crasse dans un secteur crucial largement mis en lumière durant la pandémie de coronavirus en révélant ses carences accentuées par la crise sanitaire. Cette situation a une nouvelle fois été dénoncée le 12 mai dernier, à l’occasion de la Journée internationale des infirmières et infirmiers. Manifestations, distributions de tracts, tables rondes... Plusieurs actions ont été organisées afin de sensibiliser la population à la difficile situation des salariés du domaine et aux problèmes qu’ils affrontent. Et ont surtout agi comme une piqûre de rappel. Un aiguillon pour exiger la mise en œuvre immédiate de l’initiative populaire «pour des soins infirmiers forts» largement acceptée dans les urnes le 28 novembre dernier. Rappelons que les citoyens avaient alors plébiscité un encouragement et un accès facilité à la formation, ainsi qu’une amélioration des conditions de travail visant à rendre le métier plus attrayant. Si le premier volet des revendications trouve un ancrage dans la sphère dirigeante, le second demeure en veilleuse, les autorités ayant décidé d’une application en deux étapes. Autant dire que rien ne sera entrepris sur ce dernier front d’ici à ces trois ou quatre prochaines années. Et ce en dépit de l’urgence. Cet attentisme inadmissible maintiendra le statu quo malgré les dangers qui l’accompagnent. Les départs prématurés vont se poursuivre. La qualité des soins en pâtir. Avec des risques accrus pesant sur les patients confiés à un personnel œuvrant à flux tendu. Des troupes épuisées et frustrées après deux années de Covid qui les ont mises sur les rotules, au terme de sacrifices qui, bien que salués, n’ont pas été récompensés à leur juste valeur. Dans ce contexte, hors de question pour les soignants de patienter encore et encore pour voir leur ciel s’éclaircir. De subir un long processus législatif de la Confédération. Il s’agit dès aujourd’hui d’investir dans le domaine. De valoriser les prestations remplies via un financement adéquat. D’offrir de réelles compensations en argent et en temps aux employés du secteur. De favoriser une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale.

Cantons, communes et employeurs doivent se saisir sans délai du problème, le Conseil fédéral et le Parlement présenter et adopter des lois fortes pour des soins forts, en respect de la volonté populaire. Il est impératif de soustraire le système de santé à une logique de rendement et à une pression constante en vue d’économies. Il s’agit désormais, certes, de recruter des soignants et de renforcer les effectifs dans les hôpitaux, les homes et les soins à domicile, d’assurer une relève qui fait défaut. Mais surtout, de réaliser les conditions-cadres nécessaires pour fidéliser les vocations en plaçant l’humain au centre, praticiens comme patients. Un facteur jouant un rôle moteur dans le choix de ce métier, de sa poursuite et pour de bonnes prestations concernant l’ensemble de la société.