La fonction publique genevoise débraie ce jeudi
Envers et malgré l’accord passé entre les partis gouvernementaux, les fonctionnaires se retrouveront de nouveau dans la rue
A Genève, la mobilisation de la fonction publique semble se relâcher. Selon le chiffre communiqué par le Cartel intersyndical, 1500 fonctionnaires ont participé à la dernière grève, le 18 novembre, soit moins que les 15 et 29 octobre, où on en dénombrait 4000 à 6000. Cette démobilisation s’explique-t-elle par la deuxième vague? Le virus peut dissuader de participer à des rassemblements. Il faut aussi souligner que les fonctionnaires avaient obtenu le 11 novembre une importante victoire d’étape, le Conseil d’Etat ayant retiré son projet de loi sur la réduction de 1% des salaires durant les quatre prochaines années. Le Cartel appelait à poursuivre la lutte, car les autres mesures, la non-indexation des salaires pendant quatre ans, la suspension de l’annuité en 2021 et la hausse des cotisations à la caisse de pension, étaient maintenues au programme. Or, le 17 novembre, «dans un esprit constructif de compromis», les cinq partis représentés au gouvernement annonçaient dans un communiqué avoir trouvé un accord. L’exécutif obtiendra les 350 postes qu’il demande en échange du gel des salaires. Un bon deal pour la droite dans la mesure où la création de ces postes est rendue indispensable par l’augmentation de la population et des besoins, et parce qu’ils ne pèsent que 30 millions au budget contre 55 pour l’annuité.
«Couteau dans le dos»
«Le PS et les Verts ont planté un couteau dans le dos de la fonction publique, mais il y a des socialistes qui refusent cette politique de collaboration inadmissible», avait déclaré, lors de la manifestation du 18 novembre, Albert Anor. Ce syndicaliste du SSP est aussi un militant socialiste, il a tenté vainement avec des camarades, lors d’une assemblée tenue mercredi dernier, de ramener son parti vers le mouvement social. A l’occasion de son congrès du 3 octobre, le PS genevois avait justement adopté une résolution combative, les socialistes ambitionnant alors, pour citer le texte, de«prendre la tête de la résistance et combattre les mesures antisociales voulues par le Conseil d’Etat et les députations de la droite parlementaire». Mais la semaine passée, le ton a changé. «Les personnes restant fermes sur les positions de la fonction publique étaient rares, nous avons été archiminorisés face aux magistrats et aux élus, et il était difficile en visioconférence de contrer des pseudo-arguments et des demi-mensonges, relate cet enseignant. Pour résumer, ils ont considéré qu’il existait une ouverture et que la décision de sortir ce communiqué, présenté comme républicain, était la meilleure au vu de la situation politique. Mais tous leurs calculs sont parlementaires, s’ils ont dû reconnaître que la mobilisation avait servi de levier, ils n’ont pas tenu compte des salariés dans la rue, de l’état de la mobilisation et des possibilités de négociation. Selon moi, ils avaient de bonnes chances d’arracher plus, soit le maintien de l’annuité. La droite avait peur, mais ils n’en ont pas profité. Le résultat, c’est que la mobilisation risque d’être affaiblie, beaucoup de travailleurs vont hésiter à partir à la bataille, car ils sentent bien que les conditions pour obtenir un succès ne sont plus réunies.» Le Cartel a déposé un préavis de débrayage pour ce jeudi, s’agira-t-il donc d’un baroud d’honneur? Les fonctionnaires ont pourtant encore de bonnes raisons de se mobiliser. D’après les estimations du Cartel, les mesures restant en suspens provoqueront une baisse de 5% à 8% des rémunérations.
Jeudi 3 décembre, grève dès 15h, rendez-vous à la place Neuve à 15h30, départ de la manifestation à 16h15, assemblée au parc des Chaumettes (en face des HUG) à 16h45.