Les jeunes militants écologistes vaudois dénoncent une loi insuffisante, inefficace et punitive pour les personnes précaires
L’essence, le mazout et les billets d’avion coûteront plus cher. C’est ce qu’implique, dans les grandes lignes, la révision de la Loi sur le CO2 acceptée par le Conseil national le 10 juin dernier. Par 135 voix contre 59, les parlementaires ont suivi les propositions du Conseil des Etats tout en allant un peu plus loin. La Chambre haute devra donc se repositionner cet automne sur cette loi au cœur de la problématique du siècle, soit le réchauffement climatique. D’ici là, les débats risquent d’être nombreux, notamment entre les Verts qui veulent aller plus loin, et l’UDC qui appelle déjà au référendum.
De son côté, la Grève du climat (GdC) Vaud ne veut pas des «compromissions du Parlement» et dénonce, dans son communiqué du 22 juin, des injustices climatiques criantes, estimant que le poids de la transition écologique ne repose pas sur les principaux responsables. La place financière suisse pollue 22 fois plus que la population tout entière, mais les banques ne sont pas inquiétées par cette nouvelle loi. Les multinationales détruisent des écosystèmes dans les pays du Sud et, pourtant, aucune contrainte ne les vise. La GdC souligne que «la crise écologique est gravissime et requiert des changements sociétaux profonds. Il faudra ensemble entreprendre d’importantes transformations de nos modes de production, de consommation et de répartition des richesses. Mais la Loi sur le CO2 sous sa forme actuelle pèserait de façon socialement injuste, entamant le budget des plus pauvres mais sans effet concret sur les dysfonctionnements systémiques d’envergure et surtout sans réel encouragement vers d’autres options écologiques.» L’essence coûtera environ 10 centimes de plus par litre, la hausse de la taxe CO2 sur le mazout risque d’être transférée sur les charges des locataires et une taxe de 30 à 120 francs augmentera le coût d’un billet d’avion. Gary Domeniconi, de la GdC Vaud, explique: «Le locataire ne sera par exemple pas protégé d’une augmentation de loyer, à la suite de la rénovation de son bâtiment – rénovation qui pourrait être de surcroît subventionnée par le fonds climat. Les propriétaires seraient ainsi de nouveau gagnants.»
Redistribution
Reste qu’il est prévu que deux tiers des taxes soient rétrocédés directement à la population par une réduction des primes d’assurance maladie, et aux entreprises via les caisses de compensation AVS. Le tiers restant serait ainsi consacré à un fonds pour le climat pour assainir des bâtiments, promouvoir des énergies renouvelables, remplacer des chauffages à mazout et électriques.
Pour la GdC Vaud, «le plus dur est peut-être de constater que, si des lois injustes et contraignantes pourraient éventuellement se justifier par la nécessité de réduire nos émissions à tout prix, rien ne laisse rationnellement penser que cette Loi sur le CO2 réduise tangiblement nos émissions.» Et de donner l’exemple: «Une taxe de 10 centimes sur l’essence augmentera le prix d’un plein de 50 litres de 5 francs. A qui cela fera-t-il renoncer à l’utilisation de la voiture? Cela n’aura comme effet que d’alourdir le budget des personnes déjà précaires ne prenant la voiture qu’en cas de nécessité.» Et Gary Domeniconi d’ajouter: «Et ce n’est pas forcément l’utilisation de l’auto qui sera remise en cause, mais peut-être que des personnes préféreront économiser encore sur leur nourriture.»
Finalement rien ne dit que cette loi permettra à la Suisse de concrétiser ses engagements contre le réchauffement climatique, dans le cadre des accords de Paris signés en 2015. Le jeune militant ajoute: «Le même schéma de pensée libérale subsiste au sein de tous les partis. La BNS peut ainsi continuer à investir des milliards dans des industries fossiles. Bien sûr, grâce aux mouvements pour le climat, cette Loi sur le CO2 est plus contraignante que la version précédente (pour mémoire, l’ancien Conseil national avait rejeté la révision sur la Loi sur le CO2 fin 2018, ndlr). Mais il n’y a pas encore de réelle compréhension scientifique du problème. Nous soutiendrons donc un référendum, mais pour des raisons opposées à l’UDC.»