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La hausse des primes maladie et des loyers, ennemie numéro un du pouvoir d’achat

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© Neil Labrador / Archives

Les familles sont durement frappées par la hausse des primes maladie qui s’ajoute à celle des loyers et à la diminution du pouvoir d’achat due à la baisse des salaires réels. L’USS exige un plafonnement des primes et des coûts du logement.

Les syndicats appellent à une manifestation nationale le 16 septembre à Berne en faveur du pouvoir d’achat, réclamant une augmentation des salaires et des retraites

«D’ici à 2024, la hausse du coût de la vie sera brutale comme rarement auparavant. Après les hausses de loyer et le coup de massue des primes maladie en automne, l’augmentation de la TVA suivra début de l’an prochain.» L’Union syndicale suisse (USS) s’inquiète du pouvoir d’achat des travailleurs et des retraités et a lancé une vaste campagne en faveur d’une augmentation des salaires et des rentes. Pour soutenir les prochaines négociations salariales «qui seront cruciales», les syndicats appellent à une manifestation nationale le 16 septembre à Berne. L’organisation faîtière précise les postes qui pèseront particulièrement dans les budgets suisses et les raisons pour lesquelles une majoration des rémunérations s’avère indispensable.

Menace sérieuse

«En 2024, les primes maladie devraient augmenter pour la deuxième fois consécutive de 6,5%. La situation s’aggrave donc de façon dramatique: pour un nombre croissant de personnes en Suisse, l’assurance maladie devient une menace sérieuse et les soins de santé un produit de luxe sur lequel il faut économiser», alerte Elisabeth Gisler, collaboratrice scientifique à l’USS. La spécialiste souligne que, depuis des années déjà, les primes maladie connaissent des hausses bien plus importantes que les salaires. «Un couple dans la moyenne avec deux enfants doit payer cette année plus de 1000 francs par mois pour la caisse maladie, même en choisissant un modèle HMO et une franchise normale.» Dans ce contexte, une nouvelle majoration des coûts de 6,5% entraîne pour ce ménage et ce malgré un salaire qui aurait progressé de 3% entre 2020 et 2024, une importante perte de prospérité. L’exemple met en situation une famille disposant d’un revenu annuel d’un peu plus de 120000 francs et ayant bénéficié d’une augmentation de rémunération d’environ 4200 francs pour la période donnée. «Près d’un tiers de l’augmentation de salaire n’est jamais parvenue dans le porte-monnaie de la famille, mais a été immédiatement engloutie par l’assurance maladie.»

Bientôt que pour les riches?

Si, lors de l’entrée en vigueur de la Loi sur l’assurance maladie (LAMal) en 1996, la Confédération et les cantons se sont engagés à alléger les charges des cotisants pour que les primes ne dépassent pas plus de 8% de leur revenu imposable, ils n’ont pas tenu promesse. «Une famille avec un revenu brut de 80000 francs doit aujourd’hui consacrer en moyenne près de 13% de cette somme, soit plus de 10100 francs par an, aux seules primes d’assurance maladie», chiffre Elisabeth Gisler, dénonçant encore au passage la participation conséquente des assurés aux frais qualifiée «de l’une des plus élevées en comparaison internationale, malgré des primes déjà exorbitantes». «Pas étonnant que de plus en plus de personnes disent renoncer à des traitements importants pour des raisons financières. Les soins de santé en Suisse deviennent ainsi, lentement mais sûrement, un bien de luxe que bientôt seuls les plus riches pourront s’offrir.» La situation des assurés varie aussi largement en fonction des cantons et ce en dépit des subventions. «Ainsi, dans le canton de Zoug, pour les revenus compris entre 60000 francs et 100000 francs, la charge de la prime maladie après réduction est d’environ 5% du revenu brut. Dans le canton de Neuchâtel, elle se situe entre 15% et 20%.» Concrètement, illustre encore la collaboratrice scientifique, une famille de quatre personnes avec un revenu brut de 80000 francs paie chaque année un peu plus de 4100 francs pour les primes standard à Zoug et plus de 10000 francs à Neuchâtel, pour les mêmes prestations. Pire encore en matière d’arbitraire: si la famille en question habite à Olten, elle consacre plus de 14% de son revenu brut, soit 11455 francs à la caisse maladie, si elle réside à quelques kilomètres plus à l’est, à Aarau, elle ne versera «que» 8813 francs, soit 11% de son revenu brut avec une charge fiscale presque égale.

Indifférence des cantons

Elisabeth Gisler dénonce aussi le fait que les cantons ne prennent pas leurs responsabilités alors qu’il est de leur ressort de décider qui peut bénéficier d’une réduction de prime et à quelle hauteur. «Les cantons ont donc le pouvoir de soulager les gens, mais ils n’en font rien.» La collaboratrice cite en exemple Lucerne qui, à la suite d’un arrêt du Tribunal fédéral, a été condamné à revoir à la hausse le seuil de revenu donnant droit à une subvention. «Depuis 1997, les primes ont augmenté de plus de 140%, alors que les réductions de prime, elles, n’ont progressé que de 40%. Le reste ce sont les assurés qui l’assument. En conclusion, l’USS rappelle la solution envisagée par le Parti socialiste et les organisations de travailleurs: une initiative stipulant que les primes d’assurance maladie ne dépassent par 10% du budget d’un ménage. «Elle allège ainsi non seulement la charge des bas et moyens revenus, mais supprime également les différences absurdes entre les cantons.»

 

Contrer l’augmentation des loyers

«En raison de la hausse du taux d’intérêt de référence, la moitié des locataires doit s’attendre à une augmentation salée de leur loyer en octobre 2023.» Pour l’Union syndicale suisse (USS), c’est un «coup de massue» qui va encore dégrader le pouvoir d’achat des locataires. Selon ses estimations, les loyers pourraient augmenter jusqu’à 8% en moyenne d’ici à la fin de 2024. Le taux d’intérêt hypothécaire de référence a été relevé au 1er juin 2023 de 1,25% à 1,50%, ce qui signifie selon l’Ordonnance sur le droit du bail (OBLF) une augmentation potentielle de 3% au 1er octobre 2023 pour la moitié des locataires. Car, selon la Banque Cantonale de Zurich, 49% d’entre eux ont soit déménagé récemment soit revendiqué des baisses de loyer ces 14 dernières années (période durant laquelle le taux n’a pas été relevé). «Bien que quelques grandes régies immobilières aient dans un premier temps signalé qu’elles attendraient encore avant d’augmenter les loyers, les premières données empiriques existantes montrent que des lettres recommandées sont envoyées un peu partout en Suisse (certes, beaucoup concernant des hausses de loyer pour novembre ou décembre)», indique l’USS dans son analyse. De surcroît, en vertu de l’OBLF, une partie du renchérissement et des hausses des coûts peut également être répercutée de manière forfaitaire sur les loyers. Plus largement, la faîtière syndicale s’inquiète que certains bailleurs en profitent pour augmenter illicitement leurs loyers. De surcroît, plusieurs banques prévoient déjà une nouvelle hausse du taux d’intérêt de référence de 0,25% en décembre. «Ainsi, les loyers pourraient augmenter d’à nouveau 3% au 1er avril 2024. S’ajoutent à cela les 40% du renchérissement cumulé ainsi que l’augmentation générale des coûts de 0,5% pour un semestre, ce qui devrait porter la hausse totale à environ 4%…»

Par ailleurs, deux initiatives parlementaires affaiblissant les droits des locataires – «empêcher les sous-locations abusives» et «résiliation du bail en cas de besoin du bailleur» – au programme des débats parlementaires de cet automne, ont été acceptées en juin par la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats.

L’USS demande, au contraire, un renforcement contre les résiliations de bail. Mais aussi un examen périodique du rendement locatif admissible. Le contrôle des loyers et des rendements doit être repris en main par l’Etat. De surcroît, des prescriptions légales claires sont nécessaires pour éviter que les rénovations énergétiques ne soient répercutées sur les loyers. La faîtière syndicale revendique aussi le développement d’instruments d’encouragement à la construction de logements d’utilité publique et l’introduction d’un droit de préemption pour la Confédération, les cantons et les communes.

AA

 

Davantage de salaire et de rente pour les femmes!

Le 16 septembre, l’USS appelle les femmes, particulièrement frappées par la précarité, à manifester massivement. S’il faut encore le rappeler, elles travaillent plus à temps partiel, prennent en charge la majeure partie du travail domestique, de soins et d’assistance – des enfants, des personnes âgées ou malades –, et sont majoritaires dans les secteurs d’activités les plus faiblement rémunérés. Conséquence, elles touchent de maigres revenus et, au moment de la retraite, ont un tiers de rente en moins en moyenne que les hommes. Or, «au lieu d’éliminer enfin le déficit de rentes des femmes, le gouvernement et le Parlement prévoient déjà de nouvelles détériorations inutiles et des coupes dans les rentes de veuves», s’insurge l’USS, qui appelle à une amélioration des salaires et des rentes, à un accueil abordable des enfants et à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale pour avancer vers l’égalité.

AA

 

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