Depuis la mi-octobre, les maçons de plusieurs régions de Suisse ont cessé le travail pour se faire entendre. Lundi, alors que ce journal était mis sous presse, plus de 4000 travailleurs vaudois manifestaient dans les rues de Lausanne
La grogne et la colère des maçons ne finit pas de s’exprimer partout en Suisse. En jeu: leurs conditions de travail et le maintien de la retraite anticipée à 60 ans. Des mouvements de débrayages et de grèves ont débuté à la mi-octobre: 3000 maçons posaient leurs outils au Tessin le 15 octobre, puis 2500 prenaient d’assaut le pont du Mont-Blanc à Genève les 16 et 17 octobre (voir L’ES de la semaine dernière). Le mardi 30, ils étaient 600 à la Chaux-de-Fonds, 550 à Fribourg et 400 à Sion à quitter leurs chantiers et à descendre dans la rue. Le surlendemain à Berne, près de 1000 travailleurs du bâtiment se sont rassemblés sur le chantier central de la gare, l’un des plus importants projets d’infrastructure de Suisse.
Ce lundi 5 novembre, plus de 4000 maçons du canton de Vaud s’étaient retrouvés à Ouchy au petit matin (nous y reviendrons dans notre prochaine édition) avant de traverser, dans une manifestation retentissante, les rues de Lausanne. Le lendemain, c’est à Zurich que des centaines d’entre eux devaient se rendre, en train, pour soutenir leurs camarades de la capitale économique du pays qui arrêtaient aussi le travail. Et manifester avec eux devant le siège de la Société suisse des entrepreneurs. Car c’est là que se joue leur avenir, et leur santé. Ensemble, les maçons comptent bien faire revenir à la raison les entrepreneurs qui campent sur leurs positions de n’accepter un assainissement de la retraite anticipée à 60 ans qu’en échange d’un démantèlement de la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN), avec une flexibilisation du temps de travail de 300 heures, permettant des journées de 12h, une baisse de salaire en cas de changement d’employeur et la création d’une catégorie de stagiaires non soumis au salaire minimum, ce qui ouvrirait grand la porte au dumping salarial.
Parce que les conditions de travail sur les chantiers sont déjà extrêmement difficiles, les maçons veulent que la solution trouvée pour la retraite anticipée s’applique et refusent toute détérioration de leur CN. Ils s’insurgent contre le chantage opéré par la SSE. Et exigent aussi une hausse salariale. Ce vendredi 9 novembre auront lieu de nouvelles négociations entre les entrepreneurs et les syndicats Unia et Syna. Une rencontre attendue ardemment par des travailleurs en colère, prêts à reconduire leur mouvement s’il le faut. A Genève, au terme des deux premiers jours de lutte, un nouveau préavis de grève avait été voté, pour le 19 novembre.
Retour sur les mobilisations du 30 octobre en Suisse romande: