Les travailleurs en ont plein le dos !

Lors d'une action symbolique, le syndicat a cadenassé une palette de carrelage pesant plus d'une tonne en bas du chantier.
Unia Genève a pointé un chantier public sur lequel les ouvriers doivent porter des tonnes de matériel à la main, faute de monte-charge, pourtant obligatoire. Le syndicat a posé un ultimatum à l’État.
Le 18 février au matin, Unia Genève a convoqué la presse sur un chantier public de la Route des Jeunes. Un bâtiment de l’Hospice général pour être plus précis. Le problème ? «Les travailleurs doivent monter le carrelage, les pots de peinture ou encore les sacs de ciment jusqu’au cinquième étage, à la main ou sur le dos », dénonce José Sebastiao, responsable du secteur. «Les monte-charges et autres transpalettes sont pourtant obligatoires!» Ce dernier se réfère à l’article 25 de l’ordonnance 3 relative à la loi sur le travail qui dit que l’employeur doit «prendre les mesures d’organisation appropriées et met à disposition les équipements adéquats, notamment les dispositifs mécaniques, pour éviter que les travailleurs ne doivent déplacer des charges manuellement ».
C’est lors d’une visite de chantier de routine qu’Unia Genève a constaté l’absence de ces outils. «Les chantiers de l’État doivent pourtant se montrer exemplaires», souligne José Sebastiao, qui précise qu’un courrier a été envoyé au service concerné. «Nous leur laissons 24 heures pour que des moyens de levage soient installés sur le chantier, sans quoi, nous n’écartons pas des actions syndicales plus musclées !»
Risques multiples
Au pied de l’immeuble, une palette de carrelage est symboliquement cadenassée par les syndicalistes. «Une seule palette pèse 1034 kilos», montre le responsable syndical. «Il ne faut pas s’étonner que les travailleurs du bâtiment se plaignent d’avoir le dos cassé. La santé et la sécurité des ouvriers doit être une priorité. Il faut arrêter d’économiser quelques sous sur le dos des travailleurs!»
Les risques liés à la manutention manuelle de charges lourdes sont multiples, d’après la Suva. Ils vont de la foulure musculaire aux douleurs chroniques, en passant par les lésions ligamentaires et les hernies abdominales. «Il y a le dos mais aussi les épaules, les chevilles, les genoux et les bras », insiste José Sebastiao. «Notre campagne pour des chantiers dignes a porté ses fruits à Genève, avec des nettes améliorations en matière d’hygiène, hélas on constate trop souvent, sur les chantiers privés comme publics, que les outils de levage ne sont pas mis en place. Nous lançons donc officiellement aujourd’hui cette campagne et nous dénoncerons publiquement tous les chantiers qui ne respectent pas cette obligation.»
L’objectif de cette dénonciation est aussi d’informer largement les travailleurs. «La grande majorité d’entre eux ne sait pas qu’ils y ont droit, c’est d’ailleurs, une fois de plus, le syndicat qui a repéré le problème», regrette José Sebastiao.