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Le personnel de Migros veut aussi «simplement bien vivre»

Action d'Unia devant un magasin Migros à Neuchâtel.
© Jérôme Béguin

Des actions ont eu lieu aux quatre coins du pays, comme ici à Neuchâtel. Après avoir tracté devant la moitié des Migros du canton, les syndicalistes se sont retrouvés aux abords du magasin de la rue de l’Hôpital.

Exigeant l’arrêt des externalisations et des licenciements, ainsi que des revalorisations salariales, Unia a mené une journée d’action devant une cinquantaine de filiales du groupe

«Simplement bien vivre.» Pour Unia, le nouveau slogan de Migros doit aussi s’appliquer aux collaborateurs du géant orange. Le syndicat organisait mercredi dernier une journée d’action. Devant une cinquantaine de filiales et des centres logistiques aux quatre coins du pays, les syndicalistes ont distribué des crèmes pour les mains au personnel avec le slogan: «Nous voulons plus que des améliorations cosmétiques!»

Les employés du distributeur ont bossé dur l’année dernière, rappelle le syndicat. Il y a eu le Covid-19 bien sûr, mais aussi des réductions d’effectifs. «Migros est en phase de restructurations et d’économies, des programmes d’efficience sont introduits dans quasi toutes les coopératives régionales. L’an dernier, quelque 1500 postes équivalents plein temps ont été supprimés dans les coopératives. Entre 800 et 1000 postes ont été créés dans le commerce en ligne, mais une bonne moitié de ces jobs sont occupés par des travailleurs temporaires et ils ne compensent pas les emplois perdus. Le travail devient toujours plus polyvalent, les journées sont plus denses et stressantes», indique Anne Rubin, responsable du commerce de détail pour Unia.

Prime Covid insuffisante

En 2020, Migros a vu son chiffre d’affaires progresser de 4,4% pour frôler les 30 milliards de francs, la rentabilité s’est améliorée, ainsi que le bénéfice qui a atteint 1,76 milliard.

Malgré ces résultats confortables et les efforts des travailleurs, ceux-ci n’ont pas beaucoup été payés en retour. «Une prime de 500 francs a été versée, mais avec des critères de distribution relativement restrictifs, plus des bons d’achat de 400 à 500 francs suivant les coopératives. C’est insuffisant en regard des efforts déployés par le personnel et au chiffre d’affaires enregistré. Chez Coop, 500 francs ont été payés à deux reprises et les conditions étaient plus généreuses puisqu’il suffisait d’avoir travaillé à 50% durant la première et la deuxième vague pour toucher l’intégralité des primes», explique Anne Rubin.

Surtout que, sur le plan salarial, les près de 100000 collaborateurs ne sont pas tous logés à la même enseigne. Toujours plus d’employés de la vente, stationnaire ou en ligne, et des services sont exclus des conditions d’engagement prévues par la Convention collective de travail (CCT) du groupe. «En 2006, plus de 80% du personnel bénéficiait de la CCT, en 2019, ce n’était plus que 62%. Avec les 1500 postes supprimés l’année dernière, on doit être à présent à 60%», estime la membre de la direction du secteur tertiaire d’Unia.

Unia exige que la CCT protège l’ensemble des travailleurs du groupe et que le distributeur mette fin aux franchises et à l’externalisation des services. Le syndicat demande aussi des revalorisations salariales, la compensation à 100% du salaire en cas de chômage partiel et l’arrêt des licenciements.

Bénéfices en hausse

«Migros investit à fond dans les marchés vus comme prometteurs, comme la santé, et dans de nombreux projets dans le digital ou la livraison à domicile. C’est normal qu’une entreprise investisse, mais elle doit aussi redistribuer les bénéfices aux salariés. Migros a un problème sur ce point-là. Ces dernières années, les augmentations salariales y étaient les plus basses du secteur alimentaire. Pourtant, la société a enregistré en 2020 une augmentation de son bénéfice très importante. Si l’on enlève les résultats exceptionnels liés aux ventes de Globus et du centre commercial Glattzentrum de Wallisellen, le bénéfice du groupe s’est élevé à un demi-milliard. Migros dispose d’un capital propre très élevé, ce qui donne à la société la marge de manœuvre nécessaire pour continuer à maintenir le groupe à un bon niveau tout en redistribuant aux employés les fruits de leur travail, en rendant les processus de transformation supportables et en évitant les suppressions d’emplois», souligne Anne Rubin.

Pour changer les choses, Unia invite les salariés à adhérer au syndicat. Aujourd’hui, c’est la docile et très libérale Société suisse des employés de commerce qui est signataire de la CCT et censée représenter le personnel. Comme chez Coop, Unia veut s’installer à la table des négociations, mais, jusqu’à présent, les syndicalistes n’ont pas vraiment été les bienvenus dans les Migros. «Nous faisons très attention que les employés syndiqués ne soient pas vus avec nous, car ils risquent des représailles», témoigne David Taillard, responsable du secteur tertiaire d’Unia Neuchâtel. «Il est temps que Migros change sa manière de diriger l’entreprise et qu’un véritable syndicat défende le personnel.»

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