Le personnel des services publics se mobilise
Les syndicats de fonctionnaires de quatre cantons romands exigent une indexation des salaires de 5%
C’est l’automne, la saison durant laquelle les cantons et les communes élaborent leur budget. Tandis que les feuilles mortes tombent à la pelle, le personnel des services publics doit régulièrement descendre dans la rue pour défendre le versement de son indexation et de ses annuités salariales. Les mécanismes salariaux de la fonction publique servent en effet de variable d’ajustement budgétaire. Cette année, les syndicats SSP et Sud, le cartel intersyndical genevois, ainsi que des fédérations et des associations professionnelles de fonctionnaires de quatre cantons romands – Genève, Vaud, Fribourg et Neuchâtel –, ont décidé de coordonner leur mobilisation avec pour revendication commune une indexation de 5% des rémunérations.
Comme les salariés du privé, les fonctionnaires sont aussi touchés par une baisse de leur revenu disponible. Rappelons que, depuis trois ans, le coût de la vie a augmenté de 6,4% et encore, l’indice des prix à la consommation ne tient pas compte des primes maladie. Celles-ci vont encore fortement augmenter l’année prochaine, de même que les loyers, l’électricité et la TVA (+0,4%). Les indexations accordées ces dernières années dans les quatre cantons en question ont été inférieures au renchérissement. Ainsi à Genève, entre les indexations partielles et les années sans indexation, la fonction publique a perdu l’équivalent d’un demi-mois de salaire depuis 2021. «Le pouvoir d’achat est en chute libre pour les infirmiers, les assistants sociaux, les enseignants ou les éducateurs de la petite enfance», écrivent dans un communiqué les syndicats et les associations professionnelles de la fonction publique. Celles-ci ont décidé de se rallier à la revendication de l’Union syndicale suisse visant à obtenir une hausse des salaires nominaux et des rentes de 5% au 1er janvier.
Vocable inconnu...
«Cette mesure de justice sociale élémentaire est finançable dans une grande partie des cantons suisses.» Tous les cantons ont, il est vrai, bouclé leurs comptes 2022 sur des chiffres noirs. On n’avait pas vu cela depuis 2008. Le bénéfice cumulé dépasse les 3,5 milliards de francs. Genève a engrangé 727 millions l’année dernière. L’Etat de Fribourg, quant à lui, n’affiche qu’un modeste boni d’un demi-million, mais 192 millions ont été placés dans un bas de laine nommé «fonds et provisions».
«La négociation est un vocable inconnu», déplorent les organisations du secteur public. «Les exécutifs cantonaux et communaux sont de plus en plus sourds aux revendications émanant du personnel et des retraités», ils «se contentent le plus souvent d’informer les organisations du personnel de décisions qu’ils ont déjà prises». Des mobilisations sont donc nécessaires.
Elles ont déjà débuté. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées le 10 octobre sur la place du Château à Lausanne, siège de la présidence du Conseil d’Etat. Elles ont exigé une rencontre avec le Conseil d’Etat d’ici au 20 octobre, faute de quoi des mesures de luttes seront mises en place. Le projet de budget vaudois prévoit une indexation de 1,6% auquel s’ajoute le 0,2% obtenu au printemps après les grèves et les manifestations.
Grève et rassemblements programmés
A Genève, une assemblée du Cartel intersyndical de la fonction publique et du secteur subventionné a décidé d’une grève pour le 14 novembre. Une fois de plus, le Conseil d’Etat du bout du lac ne veut pas indexer les salaires. L’année dernière, les fonctionnaires avaient toutefois obtenu gain de cause après un débrayage. Les employés des Transports publics genevois pourraient aussi être de la partie si les négociations avec la direction n’aboutissent pas.
A Fribourg, deux pétitions ont été lancées demandant respectivement au Conseil d'Etat et à la Ville de Fribourg d’augmenter les salaires de 5%. Un rassemblement est prévu le 14 novembre. Le personnel a aussi des revendications concernant la pénibilité du travail, le manque de ressources à l'hôpital ou encore la représentation des organisations syndicales au sein de la caisse de prévoyance de l’Etat.
Cela alors qu’à Neuchâtel, une assemblée du secteur de la santé se tiendra le 26 octobre.