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Les maçons sortent des négociations salariales les mains vides

Maçon au travail.
© Thierry Porchet/photo d’illustration

Les syndicats ont réclamé, sans succès, une hausse de 100 francs.

La Société suisse des entrepreneurs refuse de faire bénéficier les travailleurs du secteur principal de la construction de la bonne marche des affaires. Les syndicats s’insurgent

«Le patronat n’a même pas voulu négocier une possible augmentation générale des salaires. Alors que les perspectives dans la branche sont très bonnes.» Nico Lutz, responsable du secteur de la construction d’Unia, est outré. Avec Syna, le syndicat souligne dans un communiqué commun que «les chiffres d’affaires dans le secteur principal de la construction sont stables depuis des années et se situent actuellement à un niveau historiquement élevé. La plupart des entreprises partagent cette vision optimiste…»

La Société suisse des entrepreneurs (SSE) indique pour sa part que «les syndicats n’étaient pas prêts à reconnaître l’importance des augmentations de salaire individuelles basées sur la performance». Et qu’«une augmentation générale des salaires selon le principe de l’arrosoir ne permet pas de remédier à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée».

Pour Nico Lutz, cette réflexion est indigne du travail acharné de tous les maçons. «Sur un chantier, les mauvaises performances n’existent pas. Avec la pression des délais, tout le monde court, donc chacun doit être récompensé. Les bons résultats, grâce à une productivité accrue, sont l’œuvre du collectif.» De surcroît, avec un renchérissement de 1% environ actuellement, tous les salariés perdent déjà des plumes.

Deux ans sans augmentation

«Dans beaucoup d’autres branches, des augmentations ont été accordées. Alors pourquoi dans le gros-œuvre, qui se porte à merveille, cela n’est-il pas possible? interroge Nico Lutz, qui demandait une hausse de 100 francs. Le patronat n’a même pas daigné proposer un montant.»

Cela signifie que ces deux dernières années, aucune majoration générale des salaires n’a été acceptée. En 2018 puis en 2019, elle avait été de 80 francs supplémentaires chaque année.

Dans son communiqué la SSE estime, pour sa part, que «les salaires dans le secteur principal de la construction sont de loin les plus hauts de l’artisanat au niveau européen...».

«Comment peuvent-ils comparer des salaires suisses et européens, alors que les charges sont tellement plus lourdes ici?» s’indigne Nico Lutz, qui précise, en outre, que le salaire moyen a baissé dans toutes les classes salariales en 2021.

Unia et Syna se disent déjà prêts à lutter l’année prochaine dans le cadre du renouvellement de la Convention nationale (CN) pour plus de protection pour la santé des maçons, des mesures contre la pression croissante en termes de délais, et «une augmentation décente pour les gens qui construisent nos maisons, nos routes, nos écoles et nos hôpitaux».

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Les travailleurs intérimaires, venant de Pologne, de Slovénie, de Lettonie et des Pays-Bas, étaient payés 14,98 euros l’heure pour construire l’héliport de l’hôpital de Sion. La CCT de la branche prévoit le double. Leurs frais de repas étaient également réduits drastiquement.

La semaine dernière, Unia a dénoncé un cas de dumping salarial sur le chantier de l’héliport de l’Hôpital de Sion. La direction des travaux a réagi le jour même