Les nettoyeuses de la Clinique des Tilleuls font plier leur direction
Après avoir lutté contre la dégradation de leurs conditions de travail à la suite de l’externalisation de leur poste, les salariées ont obtenu du groupe Hirslanden qu’il leur verse des indemnités
Le conflit aura duré des mois, mais il aura fini par payer pour les nettoyeuses de la Clinique des Tilleuls à Bienne. Le groupe Hirslanden, propriétaire de l’établissement, a cédé et s’est engagé à leur verser une prime de départ comprise entre 6000 francs et 10000 francs chacune. Une façon d’«atténuer au moins la dureté sociale» et de montrer «un minimum de responsabilité sociale de la part de la direction de la clinique».
Rappelons les faits: fin 2021, ladite clinique décide d’externaliser ses travaux de nettoyage, notamment du bloc opératoire, à un prestataire externe, l’entreprise Vebego SA. Une petite dizaine de femmes sont concernées, toutes âgées de plus de 50 ans et ayant entre 14 et 32 années d’expérience sur le site. Elles se sont vu proposer de nouveaux contrats par Vebego SA, mais la perte salariale se chiffre entre 500 et 900 francs chaque mois. Pour compenser, le groupe Hirslanden se dit prêt à compléter les rémunérations des travailleuses à hauteur de 400 francs par mois pendant un semestre. Insuffisant...
Soutenues par Unia, les nettoyeuses, humiliées et déterminées, entament une lutte sur la longueur. Actions de protestation, manifestations ainsi que pétition munie de plus de 700 signatures soutiennent leur lutte. L’issue du conflit a été actée début juillet, avec la négociation de ces indemnités substantielles et l’engagement de verser les 400 francs mensuels pendant 12 mois pour les salariées qui décident de signer avec Vebego SA.
Victoire à relativiser
Pour Unia, c’est une victoire, à relativiser tout de même. «Après avoir refusé toute discussion, la direction de la Clinique des Tilleuls a été contrainte de céder à la pression publique et à la combativité des femmes, commente Jacob Johannes Rohde, secrétaire syndical. Dans cette mesure, les indemnisations nous montrent qu'un engagement conséquent, combatif et solidaire pour les droits du personnel de nettoyage a porté ses fruits. Nous tenons toutefois à préciser que les indemnités obtenues ne constituent en aucun cas une juste compensation pour la mise à la porte de collaboratrices loyales et de longue date, quelques années avant leur départ à la retraite, dans le but de maximiser les profits.»
Même ambivalence du côté des nettoyeuses, soulagées mais heurtées. «Les employées que nous représentons sont heureuses que leur engagement, très éprouvant, qui s'est accompagné d'une exposition publique inhabituelle, se soit traduit par un succès, rapporte le syndicaliste. Mais bien sûr, une indemnité de quelques mois de salaire ne compense pas la blessure et le mépris du licenciement après tant d'années. Les nettoyeuses sont toujours déçues et en colère contre leur ancien employeur. Mais en même temps, elles sont contentes de pouvoir clore le chapitre pour elles-mêmes sur une note positive.»
Selon nos informations, les sept employées représentées par Unia ont refusé l’offre d’emploi de Vebego SA.