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Les soignants exigent vingt postes de plus

Le personnel des urgences pédiatriques de l’hôpital cantonal de Genève n’en peut plus. Le travail augmente et le nombre de soignants diminue, laissant courir de grands risques pour la santé des enfants. Après plusieurs jours de lutte, les soignants, ici lors d’une conférence de presse à l’entrée des HUG le 6 mars, ont obtenu huit postes supplémentaires. Un premier pas.
© Neil Labrador

Le personnel des urgences pédiatriques de l’hôpital cantonal de Genève n’en peut plus. Le travail augmente et le nombre de soignants diminue, laissant courir de grands risques pour la santé des enfants. Après plusieurs jours de lutte, les soignants, ici lors d’une conférence de presse à l’entrée des HUG le 6 mars, ont obtenu huit postes supplémentaires. Un premier pas.

Le personnel des urgences pédiatriques des HUG est entré en lutte le 2 mars pour dénoncer le manque chronique d’effectifs et l’immobilisme de la direction

Rassemblés le 6 mars devant l’entrée des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), une vingtaine de soignants du Service d’accueil et d’urgences pédiatriques (SAUP) ont manifesté leur colère, mais aussi leur inquiétude. En effet, face aux sous-effectifs de personnel dans ce service, et donc à la pression et à l’épuisement des employés qui en découlent, les conditions ne permettent pas d’assurer correctement les prestations à la population et mettent en danger la vie des enfants.

«Ces dernières années, les chiffres ont montré qu’il y avait eu une augmentation de l’activité, et en parallèle, une diminution de la dotation en personnel, souligne Sabine Furrer, secrétaire syndicale au Syndicat des services publics (SSP). C’est une aberration!» Mobilisés depuis le 14 février, ils revendiquent la création de vingt postes fixes pour que le service puisse fonctionner correctement, à savoir huit postes d’infirmiers, six d’assistants en soins et santé communautaire (ASSC) et six d’aides-soignants. Mais face au refus de la direction d’entrer en matière, les travailleurs ont décidé de mettre en place des mesures de lutte depuis le 2 mars. «Ils ont cessé tout acte n’ayant pas de lien direct avec les soins aux enfants», informe la syndicaliste. Concrètement, tout le travail administratif a été suspendu, notamment la facturation des soins infirmiers et des médicaments. De même, ils ont cessé d’offrir aux HUG des heures travaillées non comptabilisées. «La direction des HUG a répondu par des menaces de sanctions, déplore Sabine Furrer. Cela dit, à aucun moment elle ne s’est inquiétée de la sécurité des enfants, la priorité restant le rendement et les bénéfices. Les HUG oublient qu’ils incarnent un service public, et c’est désolant.» Et David Andenmatten, du groupe SSP-HUG, de rajouter: «Le Grand Conseil genevois a voté un budget supplémentaire de 8 millions de francs pour engager du personnel aux HUG, et pourtant, l’enveloppe a été utilisée pour financer les annuités des fonctionnaires. Et d’un autre côté, les HUG dépensent chaque année 50 millions de francs pour engager du personnel intérimaire qui n’est pas formé.»

 

«C’est l’usine»

Marie-Prune* et ses collègues

«Nous tirons la sonnette d’alarme depuis deux ans, moment où nous avons clairement senti une dégradation. Tout le monde s’accorde à dire que le nombre de consultations augmente et que la complexité des soins et des prises en charge aussi, mais le personnel ne cesse de diminuer. Nous sommes à bout de nerfs: nous n’arrivons pas systématiquement à prendre nos pauses (30 + 15 minutes par service de 8 heures, ndlr), même pas à aller aux toilettes parfois! Hier soir, une infirmière de nuit s’est fait agresser par des parents car il y avait 7 heures d’attente. C’est l’usine, nous n’avons pas le temps de créer du lien, le travail doit être vite fait. Pourtant, notre rôle devrait aussi être de rassurer, encourager, informer et prévenir, mais nous n’avons pas de temps pour cela. Du coup, les arrêts maladie des collègues explosent, nous avons un taux d’absentéisme de 12%… La direction pallie ces absences en nous envoyant des intérimaires qui ne sont pas qualifiés sur ce genre de soins ni sur ce type de patientèle, par conséquent, nous devons les former et cela nous prend du temps. Car prendre en charge un enfant et ses parents est bien spécifique, et faire un simple bilan de sang chez un petit ne nécessitera pas la même approche qu’avec un adulte. Certains jours, nous sommes deux infirmiers fixes pour cinq intérimaires, c’est ingérable. Sans parler des changements fréquents: on fait tout le travail de formation et puis, du jour au lendemain, quand le soignant est opérationnel, sa mission se termine et il faut recommencer avec quelqu’un d’autre.

Dans ces conditions, il y a clairement un risque pour la qualité des soins prodigués et la sécurité des patients qui sont moins bien pris en charge. On a peur d’arriver au drame. Et face à l’attitude de la direction, nous n’avons pas eu d’autre choix que de prendre des mesures de lutte: on ne se consacre plus qu’aux soins des enfants.» MT

*Prénom d’emprunt

La direction lâche huit postes

Le 7 mars, la direction des HUG recevait le SSP et une délégation du personnel, dans une ambiance «très tendue», d’après Sabine Furrer. A cette occasion, elle a annoncé la dotation aux urgences pédiatriques de huit postes supplémentaires en contrat à durée indéterminée (CDI). Le type de postes sera connu cette semaine. «Même si cela reste insuffisant, c’est une victoire d’étape», réagit la secrétaire syndicale. Une assemblée générale du personnel doit avoir lieu aujourd’hui, 13 mars. Elle décidera de la suite du mouvement. MT

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