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L’initiative pour un fonds Climat est lancée

Installation d'une éolienne.
© Pierre Noverraz/archives

Valoriser les énergies propres, que ce soit le soleil, l’eau, la chaleur du sous-sol ou le vent, permettra de faire face aux défis climatiques et à la crise énergétique, mais favorisera également la création d’emplois. Ici, le montage d’une des éoliennes du Mont-Crosin, dans le Jura bernois, en 2010.

Le PS et les Verts, avec le soutien des syndicats, proposent d’investir chaque année entre 0,5% et 1% du PIB dans la transformation écologique de la Suisse

La protection du climat et de la biodiversité, ainsi que la sécurité de l'approvisionnement étant des tâches publiques, elles doivent être financées par un fonds public: telle est la conviction du Parti socialiste et des Verts, qui ont lancé officiellement leur initiative pour un fonds Climat le 6 septembre dernier à Berne.

Dans les détails, le texte prévoit que le pays investisse chaque année entre 0,5% et 1% du produit intérieur brut dans la transformation écologique et, ainsi, atteigne ses objectifs climatiques. Soit plusieurs milliards de francs tous les ans pour développer les énergies renouvelables, les transports publics, décarboner notre industrie ou encore assainir les bâtiments. Une mesure qui ne viendra pas remplacer les dispositions actuellement en vigueur mais compléter celles qui existent déjà dans le domaine du climat et de l’énergie.

Urgence

Après les canicules et la sécheresse que nous avons connues cet été, il faut se rendre à l’évidence: la crise climatique s’aggrave et menace notre planète. «Or, les conditions-cadres actuelles ne permettent pas à la Suisse d’atteindre ses objectifs climatiques», remarque Balthasar Glättli, président des Verts et conseiller national zurichois. «Le fonds nous permet d’agir plus vite et de manière plus ambitieuse pour protéger le climat.»

Pour Mattea Meyer, coprésidente du PS suisse, nous devons accomplir ensemble ce qu’elle appelle la tâche du siècle. «Organiser l’économie et la société de manière sociale et écologique afin que cette planète soit porteuse d’avenir pour les générations futures.»

Pour les initiants, la Suisse a sa part de responsabilité, et a les moyens d’agir. «La Suisse participe de manière disproportionnée au déclin mondial de la biodiversité, expose Isabelle Pasquier-Eichenberger, vice-présidente des Verts et conseillère nationale de Genève. C'est donc une des priorités pour lesquelles nous voulons donner à la Confédération les moyens d'agir.»

Secteur porteur

Au-delà de la crise climatique, miser sur les énergies renouvelables permettrait de sortir de l’impasse de la crise énergétique, et donc d’assurer notre sécurité d’approvisionnement.

«Les mesures existantes sont loin d’être suffisantes, selon Roger Nordmann, président du groupe parlementaire socialiste et conseiller national (VD). Il est nécessaire d’ajuster la stratégie énergétique et de soutenir massivement tous les investissements dans la valorisation des énergies propres: le soleil, l’eau, la chaleur du sous-sol et le vent, qui arrivent gratuitement en Suisse.»

Par ailleurs, en encourageant le développement des énergies renouvelables, l’initiative crée de la valeur ajoutée locale et des emplois, et permet des formations initiales et continues dans des métiers d’avenir et des branches prometteuses. Les auteurs de l’initiative n’en doutent pas, la valorisation des infrastructures apportera au commerce régional le plus grand volume de commandes de ces dernières décennies.

«Il manque des milliers de spécialistes dans le domaine de l’économie durable, souligne Peppina Beeli, secrétaire politique à Unia et représentante des syndicats. Dans la planification et le montage solaire, dans le domaine de la technique et de l’enveloppe du bâtiment, mais aussi dans des secteurs qui ne contribuent pas directement à la décarbonation, mais qui sont pauvres en émissions et dont nous dépendrons de plus en plus, par exemple les soins.» L’initiative pour un fonds Climat a la volonté de renforcer l’économie locale, créer des emplois et garantir la sécurité sociale. «Ces dernières décennies, nous avons raté lʼoccasion dʼinvestir dans la production dʼénergie renouvelable, mais nous corrigeons cela avec cette initiative.»

Pour signer l’initiative, rendez-vous sur: sp.ps.ch

«Transformation écologique et développement social vont de pair»

Trois questions à Peppina Beeli, secrétaire politique en charge du climat à Unia.


Pourquoi est-ce important pour Unia de soutenir cette initiative?

Pendant des décennies, la politique climatique suisse a été axée sur les mécanismes du marché et sur une politique de décisions individuelles en matière de consommation. Cette politique a manifestement échoué! Un défi de l'ampleur du réchauffement climatique ne peut être relevé que par un effort collectif, des investissements courageux et un service public fort. L'initiative pour un fonds climatique met enfin sur la table une proposition valable à cet effet. Elle rappelle à bien des égards le papier d'orientation «Transformation écosociale!» adoptée par les délégués lors du dernier congrès d'Unia.

En quoi ce fonds Climat est une bonne chose pour le monde du travail?

Nous, les syndicats, sommes convaincus qu'une transformation écologique ne peut être réalisée qu'en même temps qu'un développement social. C'est pourquoi il est particulièrement important pour nous que l'initiative du fonds Climat prévoie également le financement de mesures de formation, de formation continue et de reconversion professionnelle, y compris des contributions au coût de la vie pendant la période de formation. Le système suisse de formation et de formation continue est extrêmement avare en ce qui concerne les adultes qui souhaitent se réorienter ou se perfectionner professionnellement. L'initiative propose donc un véritable progrès social à cet égard. Et nous en avons aussi besoin pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée que nous connaissons dans les secteurs dont nous avons besoin pour une économie durable!

Quelles sont les chances de cette initiative?

Je suis sûre que l'initiative est dans l'air du temps. Avant tout, il est important que les signatures puissent être récoltées rapidement afin que l’initiative puisse être votée au plus vite. Car la crise climatique s'explique notamment par une tragique histoire de temps perdu et d'occasions manquées. En 1995, par exemple, les syndicats suisses et les organisations environnementales avaient présenté un plan pour un «programme d'emploi écologiquement judicieux». Si la Suisse avait suivi les recommandations des syndicats il y a un quart de siècle, nous n'aurions pas à trembler aujourd'hui pour notre sécurité d'approvisionnement...

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