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«L’offre est restée à zéro franc d’augmentation générale»

Grève des maçons à Lausanne en 2022.
© Thierry Porchet

L’année dernière, les maçons de toute la Suisse s’étaient mobilisés massivement en défense de leur Convention nationale. La question des salaires était aussi à l’ordre du jour. Ici, la manifestation du 7 novembre à Lausanne, à laquelle avaient participé 4000 ouvriers en colère.

La deuxième ronde de négociations des syndicats avec la Société suisse des entrepreneurs s’est soldée par un échec: les patrons s’opposent toujours à une augmentation générale des salaires

Situation de blocage dans les négociations salariales menées par les syndicats Unia et Syna avec la Société suisse des entrepreneurs (SSE). La deuxième rencontre entre partenaires sociaux qui s’est déroulée le 19 septembre dernier n’a débouché sur aucun accord. «Les patrons refusent toujours d’entrer en matière sur une augmentation générale des salaires, déplore Chris Kelley, codirecteur du secteur de la construction à Unia. Ils estiment qu’une telle décision est inutile, préconisant des hausses de rémunérations à titre individuel, tout en argumentant que les entreprises revaloriseront tous les salaires d’elles-mêmes. Pourquoi alors, dans ce cas, refuser une augmentation générale? C’est absurde.» Rappelons que les syndicats réclament 150 francs supplémentaires par mois pour tous les travailleurs et les travailleuses du secteur. Ce montant doit leur permettre de faire face au renchérissement du coût de la vie et de garantir le maintien de leur pouvoir d’achat. Une exigence qui, note le représentant d’Unia, n’a rien d’exagéré dans le contexte d’inflation actuel avec des primes maladie qui explosent, des loyers qui prennent l’ascenseur, le prix élevé de l’énergie... A noter qu’Unia et Syna réclament aussi 2 francs de plus pour l’indemnité de repas de midi, qui passerait alors de 16 francs à 18 francs.

Message aux entreprises

«Les négociations sont très dures, tendues. La SSE campe sur une position idéologique», ajoute Chris Kelley, précisant que, dans ce contexte, les syndicats ont adressé à la fin de la semaine passée un courriel à toutes les sociétés actives dans la construction en Suisse. Dans ce message, ils citent la recommandation urgente de la SSE à ses membres, relative aux majorations de renchérissement sur les matériaux de construction. «En principe, écrit la SSE, aucun contrat d’entreprise ne devrait être conclu sans une indemnisation du renchérissement [...]. Exiger des exclusions contractuelles du renchérissement pourrait constituer une violation du principe de la bonne foi en raison de la situation extraordinaire.» Pour le coresponsable du secteur construction d’Unia, ce même principe vaut également pour les salaires. «C’est logique. L’inflation touche tout le monde. S’il est judicieux d’exiger des maîtres d’ouvrage une adaptation des prix selon l’indice, et cela de manière générale, il convient également de garantir le pouvoir d’achat des salaires via une compensation générale du renchérissement.» Une remarque d’autant plus pertinente que, souligne, Chris Kelley, les carnets de commandes sont pleins et les pronostics dans le secteur bons.

Les syndicats affirment par ailleurs dans leur message aux entreprises vouloir des «négociations constructives». «C’est pourquoi, dès le printemps, nous avons proposé de mener les négociations salariales de cette année rapidement et, dans la mesure du possible, sans débat public.» Chris Kelley insiste encore sur l’importance, alors que le secteur affronte une pénurie de main-d’œuvre, d’offrir de bons salaires pour attirer et fidéliser les travailleurs. Et la nécessité d’augmenter tous les salaires pour que, sur fond de concurrence féroce, les mêmes conditions s’appliquent dans toutes les entreprises.

Prochaine séance programmée

La dernière séance de négociations aura lieu le 25 octobre prochain. «La SSE n’a jusqu’à présent manifesté aucune volonté de compromis. L’offre est restée à zéro franc d’augmentation pour tous», martèle le représentant d’Unia. Et de compléter: «Ensemble, nous avons encore la possibilité de positionner le secteur principal de la construction comme une branche prête à garantir le pouvoir d’achat de ses collaborateurs, et non pas comme l’une de ces rares branches qui refusent d’accorder une augmentation de salaires pour tous en pleine période de forte inflation.»

Si la SSE devait effectivement refuser une augmentation de salaires, les syndicats auraient appris pour l’année prochaine, selon Chris Kelley: «Il serait alors clair que des discussions objectives et basées sur des faits ne sont pas possibles avec la SSE; mais qu’il n’y aura des accords salariaux que si les négociations sont accompagnées de bruit et d’une campagne publique. Ce serait dommage, mais ce serait une leçon.»

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