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Manœuvres chicanières chez les sous-traitants des TPG

Entourant leur collègue Pierre Délias, à gauche, les délégués syndicaux sont allés remettre la pétition exigeant le retrait de l’avertissement reçu au siège de l’entreprise RATP Dev à Satigny, qui possède aussi la compagnie d’autocars Helvécie.
© Eric Roset

Entourant leur collègue Pierre Délias, à gauche, les délégués syndicaux sont allés remettre la pétition exigeant le retrait de l’avertissement reçu au siège de l’entreprise RATP Dev à Satigny, qui possède aussi la compagnie d’autocars Helvécie.

Un délégué syndical de RATP Dev a reçu un avertissement avec menace de licenciement

Une délégation du syndicat des transports SEV a remis mercredi dernier une pétition à la direction de RATP Dev, un sous-traitant des Transports publics genevois (TPG). Signé par 41 travailleurs sur la soixantaine d’employés que dénombre cette filiale de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), le texte demande le retrait d’un avertissement avec menace de licenciement prononcé à l’encontre de leur collègue Pierre Délias, délégué du personnel et militant syndical. Selon le SEV, il est reproché à ce chauffeur d’une trentaine d’années d’avoir communiqué directement avec la centrale des TPG pour signaler des manœuvres prohibées lors de la relève de véhicule, refusé d’essayer un nouvel uniforme durant son temps libre et… manqué «d’esprit positif»!... «Un délégué est rarement mandaté par ses collègues pour transmettre des louanges à l’entreprise. Son rôle consiste précisément à faire remonter ce qui ne fonctionne pas ou ne convient pas», commente Valérie Solano, secrétaire syndicale du SEV. Les problèmes de sécurité que le conducteur a ainsi soulignés sont rencontrés par l’ensemble du personnel, assurent les pétitionnaires, qui trouvent injuste qu’il soit puni pour avoir relayé et défendu leurs préoccupations et leurs revendications. «Pierre est un employé modèle, on ne peut rien lui reprocher sur son travail. On lui a demandé d’essayer l’uniforme pendant la pause et, comme il est très carré, il a refusé», indique encore Valérie Solano.

Dumping organisé

Pour le SEV, cet avertissement s’inscrit dans le climat antisyndical régnant au sein de la sous-traitance des TPG. «Dans les entreprises sous-traitantes, les délégués sont empêchés d’exercer leur mandat par des manœuvres chicanières. On les intimide lors d’entretiens, on ne leur donne pas le temps nécessaire à l’exercice de leur mandat leur imposant de prendre sur leur temps libre, on encourage la délation, on oublie de les consulter concernant les horaires de travail comme le prévoit la loi. Les conducteurs font le même travail, ils ne sont pas payés comme nous et lorsqu’ils veulent des améliorations, on les tourmente. La sous-traitance est vraiment du dumping organisé», explique Vincent Leggiero, président de la section SEV TPG.

Le recours à la sous-traitance a été accordée par les autorités pour réaliser des économies. La régie autonome sous-traite aujourd’hui une trentaine de lignes exploitées par quatre sociétés, dont la RATP Dev, employant près de 300 collaborateurs. Si à l’embauche, ceux-ci bénéficient d’une rémunération à peu près équivalente à leurs collègues des TPG, au fil du temps la différence salariale peut atteindre les 1500 francs par mois. En outre, les salariés des sous-traitants ont de moins bonnes conditions en matière de lieux de pause, de sanitaires et d’organisation des horaires. Ils reçoivent un planning de travail mensuel dix jours avant le début du mois, alors que les TPG ont des horaires conçus à l’année. Le syndicat craint que ces pratiques soient reprises dans le canton du Jura, qui a mis au concours ses lignes régionales.

Il existe bien une Convention collective de travail (CCT) des sous-traitants des TPG, mais celle-ci ne permet guère d’améliorer les conditions de travail du fait de la remise en jeu périodique des concessions d’après le SEV, qui milite pour que les appels d’offre coïncident avec la négociation d’une CCT. Les négociations pour le renouvellement de la CCT actuelle sont justement en cours. «Pierre ne peut plus négocier sous le coup de cette menace», estime Valérie Solano.

Point positif: interpellés sur cette affaire par la secrétaire syndicale, les TPG ont répondu qu’ils allaient se fendre d’un courrier de rappel aux sous-traitants concernant le respect des conditions de travail et des libertés syndicales. A suivre.

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