Aujourd’hui, en Suisse, une femme sur dix est licenciée à son retour de congé maternité. La récente enquête du Blick vient confirmer les chiffres déjà publiés dans une étude de la faîtière syndicale Travail suisse. On s’en doutait, c’est désormais officiel: les jeunes mamans sont de plus en plus victimes de discrimination de la part de leur employeur et faire son retour au travail après une grossesse sans y laisser des plumes se complique. Ces patrons, qu’ils soient lâches, sexistes, égoïstes ou les trois à la fois, sont tous malins: la plupart du temps, ils attendent la fin de la période de protection légale, à savoir 16 semaines suivant l’accouchement, pour licencier leur employée devenue mère. A Bâle-Ville, selon Telebasel, deux cas de ce genre sont enregistrés chaque semaine. Ça c’est le scénario sympa. D’autres, et cela se voit de plus en plus, poussent les femmes enceintes de quelques mois, les plus vulnérables, à démissionner de leur poste, n’ayant pas de travail adapté à leur proposer. Résultat: elles peuvent tirer un trait sur le congé maternité.
Ils ne l’admettent jamais clairement, et trouvent toujours des prétextes pour enfumer la salariée virée, mais ce sont bel et bien les nouvelles obligations familiales qui incombent à cette dernière qui effraient les patrons. Une femme devenue mère sera, pour eux, forcément plus absente, moins productive et moins impliquée. Manquerait plus qu’elle ose demander des pauses d’allaitement… Interrogée par 20 minutes, l'Union patronale suisse juge «incompréhensible que les employeurs se servent du congé maternité comme prétexte pour se séparer des jeunes mères», mais admet que «les entreprises en difficulté n'arrivent parfois pas à éviter leur licenciement quand elles se réorganisent»… Le hic, c’est que, dans ce cas de licenciement discriminatoire, associé à un congé abusif, la travailleuse peut contester le licenciement, et au mieux obtenir une indemnité fixée à six mois de salaire au maximum, mais l’emploi est perdu et la loi ne prévoit pas de réintégration. L’énergie et le temps que ce genre de procédure demande poussent souvent ces toutes fraîches mamans à renoncer et, ça aussi, les patrons l’ont bien compris.
C’est aussi pour cette raison qu’il sera fondamental de se mobiliser le 14 juin, à l’occasion de la grève des femmes en Suisse. Parce que l’égalité hommes-femmes face à la parentalité n’est toujours pas acquise. Parce que s’il existait un vrai congé paternité, si le travail de care était équitablement réparti, si le temps partiel n’était pas associé seulement aux femmes et si les places en crèche étaient suffisantes, nous n’en serions pas là. En 2019, il est temps que ces comportements archaïques cessent!