La quatrième Conférence nationale sur le thème des travailleurs âgés s’est déroulée le 26 avril dernier, non sans présenter des divergences de vues
Pas de mesures concrètes en vue. La Conférence nationale sur le thème des travailleurs âgés organisée le 26 avril dernier à Berne n’entraînera pas la mise en place de dispositions particulières pour favoriser le maintien de cette catégorie de salariés sur le marché de l’emploi ou pour les aider à retrouver un poste. Seule «concession», elle a accepté d’étudier des propositions susceptibles d’améliorer la situation financière des chômeurs seniors en fin de droit. Réunissant des représentants de la Confédération, des cantons, de l'Union syndicale suisse (USS), de Travail.Suisse, de l'Union patronale suisse et de l'Union suisse des arts et métiers, la rencontre, quatrième du genre, était placée sous la houlette du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann. Elle a généré une lecture pour le moins différente de la situation de celle effectuée par l’USS, soulignant essentiellement la contribution des seniors actifs à l’économie et misant sur la responsabilité de chacun à rester employable. «On a estimé que le sujet ne présentait pas de problématique particulière. Qu’il n’y avait pas lieu d’agir. Pourtant, pour les chômeurs âgés, la situation se révèle très difficile», relève Daniel Lampart, économiste en chef et premier secrétaire de l’USS. Dans un communiqué, la faîtière syndicale estime ainsi pour sa part qu’il ne faut pas nier les problèmes et suggère différentes pistes susceptibles de prévenir et d’améliorer la situation des cinquantenaires et plus.
Toujours plus de chômeurs âgés en fin de droit
Si, reconnaît l’USS, la proportion des seniors actifs se révèle élevée – 72,7% des 55 à 64 ans travaillent – elle note toutefois que l’activité professionnelle dans tous les groupes d’âge a augmenté. Une réalité imputée à des changements sociétaux et au nouveau rôle des femmes mais aussi à la baisse des rentes du 2e pilier, «réduisant à néant de nombreux projets de retraite anticipée». «Un nombre croissant de personnes doit travailler plus longtemps pour cette raison.» La pratique plus restrictive de l’assurance invalidité et le relèvement de l’âge de la retraite dans les caisses de pension expliquent aussi cet état de fait. Reste que, quand les travailleurs âgés perdent leur emploi, en retrouver un autre relève souvent du parcours du combattant. Le chômage frappant cette catégorie de personnes a en outre plus augmenté que dans les autres tranches d’âge. Phénomène qui s’est surtout accentué ces deux dernières années, relève l’USS. Avec le risque avéré de finir à l’aide sociale. Selon l’organisation syndicale, depuis 2005, le taux des 50-64 ans confrontés à cette issue a doublé, passant à 2,9%. «Les chances d’une partie des chômeurs âgés de retrouver un job sont réduites. Ils rédigent souvent des centaines de lettres de postulation, en vain. C’est très dur psychologiquement. Pourtant, il n’y a pas une volonté du Département fédéral de l’économie de réagir», déplore Daniel Lampart. Un problème d’autant plus insoluble et révélateur de discrimination que nombre de sans-emplois concernés bénéficient de bonnes qualifications et se montrent prêts à diminuer clairement leurs prétentions de salaire...
Protéger les travailleurs âgés
Dans ce contexte, l’USS propose d’agir de manière préventive et demande une protection des travailleurs dès 50 ans contre les licenciements, comme le prévoient déjà des CCT. Pour accroître les possibilités des travailleurs âgés de retrouver un emploi, elle réclame une application systématique de l’obligation d’annoncer les postes vacants, la mise en place de bilans de compétences, un soutien à la formation initiale et continue... Elle estime aussi que les personnes qui perdent leur job à 58 ans et plus doivent pouvoir rester dans leur caisse de pension. Pour les chômeurs âgés qui se retrouvent en fin de droit, elle se positionne en faveur de mesures spéciales propres à les aider à résoudre les problèmes financiers et sociaux inhérents à cette situation. «Il est impératif de leur assurer un revenu correct et d’éviter qu’ils doivent puiser dans leur épargne», précise Daniel Lampart relevant, satisfait, que les parties prenantes ont accepté d’examiner différentes propositions allant dans ce sens. «On a pu obtenir, malgré la résistance du Département fédéral, la création d’un groupe de travail tripartite chargé d’évaluer la question.» Et l’USS de préconiser la mise en place d’une rente-pont, comme dans le canton de Vaud, ou de développer via les cantons les prestations de l’assurance chômage par une aide financière.
Si, au final, l’USS critique l’absence de recherche de solutions concrètes de la conférence, elle lui reconnaît néanmoins le mérite de permettre de discuter des problèmes. Dans ce sens, elle s’est positionnée avec succès en faveur d’une nouvelle édition en 2019, les autres partenaires souhaitant de leur côté la supprimer.