Une délégation du personnel d’Epsilon a protesté à Berne devant le siège du géant jaune
Une délégation de plus de vingt employés et employées d’Epsilon, filiale de La Poste, a manifesté le 2 juin dernier à Berne, devant le siège principal du géant jaune. Les salariés étaient accompagnés du syndicat des médias et de la communication, Syndicom, et de Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse (USS). Ensemble, ils ont protesté contre les salaires indignes que toucheront les employés d’Epsilon dès le 1er août. Les nouveaux contrats qui leur ont été imposés prévoient une rémunération horaire de 17,44 francs l’heure. Ce tarif concerne les quelque 600 personnes travaillant en Suisse romande pour Epsilon, à l’exception des distributeurs genevois qui sont assujettis au salaire minimum de 23,14 francs.
Au salaire horaire misérable s’ajoute une incertitude quant aux heures que les employés concernés auront à effectuer. Ils étaient auparavant payés selon le volume des imprimés publicitaires ou des journaux gratuits déposés dans les boîtes aux lettres. Ce qui leur fait craindre des baisses de revenu très importantes. Selon Syndicom, le changement de contrat pourrait occasionner une diminution allant jusqu’à 600 francs par mois, alors que les rémunérations sont déjà très basses, la plupart des employés gagnant moins de 3000 francs. Outre ces potentielles pertes salariales, Epsilon prévoit encore de supprimer l’assurance pour les indemnités journalières en cas de maladie.
Lors de l’action, le syndicat a rappelé qu’il s’était adressé par le passé à la direction de La Poste au sujet des basses rémunérations touchées chez Epsilon. La réponse du géant jaune avait été que «des salaires plus élevés ne sont pas possibles», explique Syndicom. Cependant, selon le syndicat, le salaire minimum payé aux distributeurs à Genève depuis 2020 n’a pas eu d’effet négatif sur les commandes ou les emplois. «Epsilon et La Poste prennent le marché comme prétexte pour légitimer les salaires les plus bas. Or, nous constatons que seule la bonne volonté fait défaut. Ils préfèrent accorder des rabais à la clientèle plutôt que de payer des salaires décents au personnel», a indiqué le président de Syndicom, Daniel Münger, devant le siège de La Poste, avant d’exiger que cette dernière «agisse contre les salaires de misère au sein du groupe». Autre sujet d’indignation, le fait que les rémunérations prévues par Epsilon sont plus basses que le minimum fixé par l’autorité de surveillance du marché postal, la Postcom, pour les porteurs de journaux sur abonnement. Ce minimum s’élève à 18,27 francs l’heure.
Président de l’USS, Pierre-Yves Maillard a aussi fait part de ses critiques à l’égard du géant jaune: «Avec son comportement, La Poste encourage une précarisation accrue d’un groupe professionnel déjà défavorisé. Je parle du dernier kilomètre dans la logistique: les facteurs et les factrices, les livreurs et les livreuses de colis, les distributrices et les distributeurs de publicités, les coursiers et les coursières. Leur importance a été mise en évidence encore plus clairement durant cette année pandémique. Au lieu d’être dépréciée davantage, cette catégorie professionnelle mérite d’être valorisée, si nécessaire en exerçant une pression politique.» Sur ce point, des interpellations parlementaires ont été déposées le mois dernier dans les Parlements vaudois et fribourgeois ainsi qu’au Conseil national. Elles sont en attente de traitement.